Selon l'agence de presse nord-coréenne KCNA, Pyongyang a procédé les 11 et 12 septembre à des tirs d'essai d'un nouveau «missile de croisière à longue portée». Les missiles ont détruit des cibles situées à quelque 1 500 km du site de lancement dans les eaux territoriales du pays a précisé KCNA, qui évoque des «armes stratégiques de grande importance».
«L'efficacité de ce système d'armement a confirmé son excellence», a salué l'agence d'Etat, célébrant une «arme de dissuasion» destinée à «contrer les manœuvres militaires des forces hostiles». Pyongyang s'est félicité du succès de ces tirs d'essai, soutenant qu'ils avaient confirmé toutes les caractéristiques techniques de ce nouveau missile, notamment la puissance de son système de propulsion, sa contrôlabilité et sa précision.
Ces essais interviennent juste avant la visite de Sung Kim, l'envoyé spécial américain pour la Corée du Nord, au Japon, où il doit rencontrer des responsables sud-coréens et japonais pour discuter de la question de la dénucléarisation de la péninsule. Cette manœuvre de Pyongyang intervient par ailleurs quelques jours après que la Corée du Sud a annoncé un tir d'essai d'un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) de sa propre fabrication.
Pour Washington, cette activité souligne les «menaces» de Pyongyang sur ses voisins
La Corée du Sud et le Japon ont d'ailleurs rapidement commenté l'information. Avec prudence pour l'armée sud-coréenne, qui n'a pas confirmé ces tir dans un premier temps. «Nos militaires mènent une analyse détaillée, en coopération étroite avec le renseignement sud-coréen et américain», a ainsi simplement réagi Séoul. Le Japon a de côté considéré qu'un missile d'une telle portée «présenterait une menace pour la paix et la sécurité du Japon et de la région alentour». «Le Japon est très préoccupé», a déclaré le porte-parole du gouvernement Katsunobu Kato à des journalistes.
Une inquiétude à laquelle a fait écho Washington. «Cette activité souligne le développement continu par la Corée du Nord de son programme nucléaire et les menaces que cela fait peser sur ses voisins et la communauté internationale», a réagi le Pentagone dans un communiqué, dans lequel il a réitéré que son engagement à protéger la Corée du Sud et le Japon restait «inébranlable».
Washington a conservé le contrôle opérationnel de l'armée sud-coréenne depuis 1954 mais devrait passer la main à Séoul l'année prochaine dans le cadre d'un plan de transition. Environ 28 500 soldats américains sont basés en Corée du Sud, tandis que quelque 55 000 sont stationnés au Japon. Selon un rapport publié en mars dernier par l'US Government Accountability Office, la présence militaire continue des Etats-Unis dans les deux pays voisins de la Corée du Nord a coûté plus de 34 milliards de dollars sur la période 2016-2019 seulement.
Si l'administration Biden avait promis une «approche pratique, calibrée», avec des efforts diplomatiques pour inciter la Corée du Nord à abandonner son programme d'armement, Washington a récemment crispé Pyongyang en menant de nouveaux exercices militaires conjoints avec Séoul.
La Corée du Nord accuse les Etats-Unis d'adopter une approche «hostile et fallacieuse» en refusant de relancer des pourparlers de dénucléarisation, aujourd'hui au point mort. Les pourparlers sur le nucléaire sont suspendus depuis l'échec du sommet de Hanoï en février 2019 entre Kim Jong Un et Donald Trump. Fin août, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a exprimé dans un rapport son inquiétude quant au redémarrage potentiel d'un réacteur produisant du plutonium dans le complexe nucléaire de Yongbyon, censé être à l'arrêt depuis début décembre 2018.