Un programme de Facebook permettrait à certaines célébrités de ne pas obéir aux mêmes règles de modération des contenus que le reste des utilisateurs, selon une enquête du Wall Street Journal publiée le 13 septembre. Jusqu'à 5,8 millions de personnes auraient été concernées en 2020, selon le quotidien, qui évoque notamment la présence dans cette liste de membres de l'élite politique, de journalistes, et autres célébrités.
Le programme «XCheck» n'appliquerait pas les mêmes contrôles aux messages postés sur les comptes Facebook et Instagram de ces personnes que pour les comptes normaux, assure le quotidien économique, citant des documents internes de l'entreprise. Deux catégories d'utilisateurs privilégiés auraient été mises en place : ceux qui sont purement et simplement exemptés de ces règles, et ceux qui peuvent poster des messages contraires à la charte en attendant qu'un employé de Facebook les examine.
Le Wall Street Journal avance plusieurs cas : Facebook aurait par exemple permis en 2019 au footballeur Neymar de poster pour ses millions d'abonnés des photos dénudées d'une femme qui l'accusait de viol. Les modérateurs auraient été empêchés de supprimer ce contenu, qui a par la suite été vu par 56 millions d'utilisateurs, avant que l'athlète ne l'efface de lui-même. Le groupe aurait également laissé certains comptes partager des affirmations jugées fausses par les fact-checkers de Facebook, par exemple qu'Hillary Clinton aurait couvert des réseaux pédophiles ou que l'ex-président Donald Trump aurait qualifié d'«animaux» tous les demandeurs d'asile.
Pourtant, le statut social ne permettrait pas à lui seul de tout publier sur le réseau social, à en juger par la suspension du compte de Donald Trump, alors qu'il était président des Etats-Unis...
Facebook assure qu'il ne s'agit pas d'un système à deux vitesses
Andy Stone, un porte-parole de Facebook, a assuré qu'il n'y avait pas «deux systèmes de justice» en termes de modération ; simplement selon lui, «certaines pages ou profils sont soumis à une deuxième couche de vérification pour s'assurer» que la modération est bien appliquée en phase avec les règles de l'entreprise, afin d'«éviter des erreurs». «Nous savons que l'application de nos règles n'est pas parfaite et il y a des compromis faits entre vitesse et précision», a-t-il ajouté.
Pour le conseil de surveillance de l'entreprise, la mise en place de mesures spéciales sur la modération des contenus est embarrassante : selon son porte-parole, l'organisme «a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude quant au manque de transparence dans les processus de modération de contenus de Facebook, en particulier en ce qui concerne la gestion incohérente par l'entreprise des comptes les plus en vue».
Par ailleurs, un audit de 2019 a révélé que Facebook ne gardait pas toujours trace des personnes qu'il plaçait sous «XCheck» ni pour quel motif, ce qui pose «de nombreux risques juridiques, de conformité et de légitimité pour l'entreprise et des dommages à notre communauté», selon le quotidien économique qui a révélé l'affaire.