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Navalny, Nord Stream 2 : Moscou dénonce les sanctions «illégitimes» de Londres et Washington

Après que les diplomaties britannique et étasunienne ont annoncé de nouvelles sanctions en lien avec l'affaire Navalny et le gazoduc Nord Stream 2, la Russie a dénoncé des sanctions «illégitimes», justifiées par un prétexte «absolument fictif».

La diplomatie russe a dénoncé dans la soirée du 20 août des sanctions «unilatérales illégitimes» après l'annonce un peu plus tôt par Londres et Washington de nouvelles mesures coercitives contre des hauts responsables des services de sécurité russes pour leur rôle dans l'empoisonnement présumé de l'opposant Alexeï Navalny, l'année dernière à bord d'un avion en Sibérie. 

Le ministère britannique des Affaires étrangères a ciblé sept personnes, identifiées comme étant membres des services de sécurité russes (FSB). Elles sont frappées par des interdictions de voyager et par le gel de leurs avoirs, des mesures «prises aux côtés de nos alliés américains», a-t-il précisé dans un communiqué.

Le Trésor américain a fait savoir dans un communiqué distinct que neuf hauts responsables et deux laboratoires scientifiques étaient visés au total par cette troisième vague de sanctions américaines. Le département d'Etat américain a désigné «deux laboratoires scientifiques du ministère russe de la Défense qui se sont engagés dans des activités visant à développer les capacités d'armes chimiques de la Russie».

Moscou demande des preuves

«La Russie a appelé à plusieurs reprises la Grande-Bretagne et ses partenaires […] à appuyer les accusations avec des preuves. Mais la Grande-Bretagne et ses partenaires continuent de faire fi de ces appels», a écrit la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, sur son canal Telegram.

Aucune preuve de l'utilisation des substances chimiques n'a été fournie

«Les actions de la partie américaine montrent que son administration poursuit aveuglément sa politique cherchant à "saper" les relations avec la Russie sans penser aux conséquences», a pour sa part estimé l'ambassadeur de Russie à Washington, Anatoli Antonov, dans une déclaration à la presse. «Au lieu de se concentrer sur les menaces réelles et les problèmes de sécurité globale, l’administration américaine donne des leçons de morale, cherchant à s'accrocher au rôle de pays pseudo-leader pour ce qui est de la démocratie et du droit international», a encore déploré l'ambassadeur. Selon le diplomate, le prétexte pour ces nouvelles sanctions est «absolument fictif».

«Aucune preuve de l'utilisation des substances chimiques n'a été fournie [par les Occidentaux]. De plus, la Russie, contrairement aux Etats-Unis, a complètement éliminé toutes ses réserves d'armes chimiques en 2017, ce qui a été confirmé par l'OIAC», a ajouté Anatoli Antonov.

Pour rappel, le 20 août 2020, Alexeï Navalny est victime d'un malaise à bord d'un avion entre la Sibérie et Moscou. Hospitalisé en urgence et placé en réanimation à Omsk, il est rapidement transféré en Allemagne. Très vite, début septembre, un laboratoire militaire allemand conclut à l'empoisonnement de l'opposant russe à l'aide d'un agent neurotoxique de type Novitchok. Moscou est accusé d'être à l'origine d'une tentative d'empoisonnement, accusations rejetées en bloc depuis le début par le Kremlin, qui les juge infondées et demande des preuves.

Des sanctions relatives au gazoduc Nord Stream 2

En plus de brandir l'affaire Navalny, le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken a annoncé le 20 août son intention de bloquer la propriété de deux navires russes et sanctionner deux autres ressortissants russes impliqués dans le projet de gazoduc Nord Stream 2, auxquels les Etats-Unis s'opposent.

«Avec l'action d'aujourd'hui, l'administration a désormais sanctionné sept personnes et identifié 16 de leurs navires comme des biens bloqués», a-t-il détaillé. Anthony Blinken a rappelé l'opposition de principe des Etats-Unis au gazoduc Nord Stream 2. Les gouvernements américain et allemand avaient annoncé le 21 juillet un accord pour clore leur dispute au sujet du gazoduc. Ils se sont engagés, dans une déclaration commune, à prendre des sanctions contre la Russie, si Moscou utilise, selon eux, ce projet pour «commettre des actes agressifs à l'égard de l'Ukraine».

Nord Stream 2 est censé doubler les capacités de son aîné Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012, et garantir la sécurité des approvisionnements en gaz de l'Europe occidentale via la mer Baltique.

«[Les sanctions américaines] violent le droit international et contredisent le principe des relations de libre marché»

«Dès le début, Washington s'est efforcé d'empêcher le développement d'une coopération énergétique entre la Russie et l'Europe», a réagi l'ambassadeur de Russie à Washington. Selon lui, les actions «unilatérales» américaines contre ce projet «violent le droit international et contredisent le principe des relations de libre marché».

«Ce n'est rien d’autre qu'une tentative d'obtenir un avantage concurrentiel pour ses fournisseurs d’énergie et de technologie», estime-t-il. Il rappelle à cet égard que «c'est à l’Europe, et en particulier à l’Allemagne, qu'appartient de déterminer comment utiliser le gazoduc, et non aux Etats-Unis».