La déroute de l'armée afghane a permis aux Taliban de s'emparer d'un équipement militaire américain considérable, et les images d'insurgés paradant avec des armes américaines ont envahi les réseaux sociaux, embarrassant singulièrement l'administration Biden.
Les réseaux sociaux abondent de vidéos de combattants taliban saisissant des cargaison d'armes, pour la plupart fournies à l'armée afghane par les puissances occidentales, posant avec jubilation devant des hélicoptères d'attaque Black Hawk, brandissant des armes automatiques M4 et M16, voire des fusils de précision M24 utilisés par les tireurs d'élite, ou circulant à bord de véhicules blindés équipés de lance-roquettes.
Des images gênantes pour Joe Biden, dont la gestion du retrait d'Afghanistan est actuellement sous le feu des critiques.
«Nous n'avons évidemment pas une idée claire de l'endroit où se trouve chaque pièce d'équipement, mais il est certain qu'un bon nombre est tombé entre les mains des Taliban», a admis le 17 août le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
«Et nous n'avons pas l'impression qu'ils ont l'intention de nous les rendre», a-t-il ajouté.
Joe Biden est favorable au contrôle des ventes d'armes, sauf quand il s'agit de donner aux Taliban des milliards d'armement militaire
Face à cet état de fait, certains républicains ont saisi la balle au bond pour éreinter les décisions du président démocrate.
«Grâce au retrait raté de Biden, les Taliban sont mieux équipés aujourd'hui qu'ils ne l'ont jamais été», a tweeté la présidente du Comité national républicain Ronna McDaniel.
«Joe Biden est favorable au contrôle des ventes d'armes, sauf quand il s'agit de donner aux Taliban des milliards d'armement militaire», a commenté de son côté l'élue du Colorado pro-Trump Lauren Boebert.
Washington a dépensé depuis 20 ans, 83 milliards de dollars pour équiper l'armée afghane.
Plus de 4 700 blindés Humvee et 200 appareils restés aux mains des Taliban
Selon les chiffres de l'Inspecteur général pour la reconstruction de l'Afghanistan (Sigar), un organisme du Congrès, l'armée américaine a accordé ces dernières années à l'armée afghane plus de 7 000 fusils mitrailleurs, 4 700 véhicules blindés Humvee et plus de 20 000 grenades.
Elle a également livré à l'armée de l'air afghane plus de 200 appareils, mais seuls 167 étaient en état de voler le 30 juin, selon un rapport récent du Sigar.
Selon Jonathan Schroden, expert dans la lutte contre le terrorisme au cabinet de conseil CNA, les armes les plus dangereuses saisies par les Taliban sont les obusiers de fabrication soviétique D-30, et les appareils de l'armée de l'air afghane créés de toutes pièces par Washington.
«Il n'est pas sûr qu'ils aient la capacité d'utiliser tous les avions qu'ils possèdent, mais ils ont déjà démontré qu'ils savaient utiliser ces obusiers», a-t-il indiqué à l'AFP.
Certains équipements ont apparemment été sauvés par des éléments de l'armée afghane qui ont refusé de capituler. Le Pentagone a indiqué le 17 août que 500 à 600 soldats des forces spéciales afghanes avaient rejoint l'armée américaine à l'aéroport de Kaboul, et aidaient à sécuriser les lieux.
La revue spécialisée Jane's a publié, ce 18 août, des images satellites visant une quarantaine d'avions de l'armée de l'air afghane ayant atterri ces derniers jours en Ouzbékistan pour éviter qu'ils ne tombent aux mains des insurgés.
Selon Jane's, 26 hélicoptères, dont cinq UH-60 Black Hawk, 16 Mi-17 de fabrication soviétique et cinq Mi-25 ont été repérés lundi sur l'aéroport de Termez, dans le sud de l'Ouzbékistan, de même que 21 avions d'attaque légère, dont 11 C-208 et 10 A-29 Super Tucano.
Même si les Taliban n'ont pas de pilotes capables de faire voler les hélicoptères américains, le Pentagone envisage de détruire les armements saisis par les insurgés, a indiqué le 18 août le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby.
Au cours des opérations de retrait, l'armée américaine a sauvé du pays ou détruit un grand nombre d'armes et d'équipements pour éviter qu'ils ne tombent entre les mains d'insurgés, a-t-il rappelé au cours d'un point de presse.
«Il est certain que nous ne voulons pas voir une partie notre arsenal aux mains de ceux qui agissent contre nos intérêts, contre les intérêts du peuple afghan et qui peuvent aggraver la violence et l'insécurité en Afghanistan», a-t-il ajouté .
Le Pentagone «n'a pas encore décidé» de ce qu'il allait faire a-t-il précisé. «Nous avons plusieurs options à notre disposition (...) y compris la destruction.»