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Les Taliban ont «gagné la guerre» et il faudra «parler» avec eux, reconnaît la diplomatie de l'UE

Pour le chef de la diplomatie de l'UE, celle-ci «devra parler» aux Taliban aussi vite que nécessaire car ces derniers ont «gagné la guerre». Pour autant, cela n'implique pas selon lui de reconnaître formellement le nouveau régime dans l'immédiat.

«Les Taliban ont gagné la guerre. Donc, nous devrons parler avec eux, afin d'engager un dialogue aussi vite que nécessaire pour éviter une catastrophe humanitaire et rapporter» en Afghanistan, a déclaré le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE) Josep Borrell, lors d 'une conférence de presse, ce 17 août. «Ce dialogue devra aussi se concentrer sur les moyens d'empêcher le retour d'une présence terroriste étrangère en Afghanistan», alors que les relations toujours fortes entre les Taliban et le groupe terroriste Al-Qaïda alimentent l'inquiétude, a insisté Josep Borrell .

Il a également précisé que de telles discussions n'impliquaient pas pour autant une prompte reconnaissance officielle des nouvelles autorités talibanes par Bruxelles. 

Josep Borrell s'exprimait devant la presse à l'issue d'une réunion en visioconférence des ministres européens des Affaires étrangères, à l'heure où plusieurs Etats membres de l'UE renforcent leurs efforts pour accélérer l'évacuation des ressortissants occidentaux et de personnels afghans depuis l'aéroport Kaboul.

«Il ne s'agit pas de reconnaissance officielle [des Taliban], il s'agit d'être en contact. Si je veux que 400 personnes, des Afghans qui travaillaient pour l'UE et leurs familles, pourraient rejoindre l'aéroport (pour être évacués), alors je dois parler aux autorités des Taliban», a plaidé le responsable européen. 

Berlin veut juger les Taliban sur leurs «actions»

Les Taliban seront jugés «selon leurs actions», a de son côté déclaré après la réunion, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas. «Ce qui importe avant tout, c'est que la transition se fasse de façon pacifique», a-t-il martelé.

Les ministres européens se sont également penchés, ce 17 août, sur les circonstances de l'effondrement soudain des forces afghanes face à l'offensive éclair des Taliban.

«Nous reconnaissons les erreurs que nous avons commises, particulièrement sur l'évaluation des capacités militaires [locales, alors], l'apport de ressources sans précédent n'a eu que de médiocres résultats en termes de capacité de résistance de l'armée et de l'Etat afghan», a observé Josep Borrell.

Reconquête des Taliban fulgurante

La récente reconquête du pouvoir par les Taliban est survenue alors que les Etats-Unis et l'OTAN ont commencé en mai dernier le retrait de leurs 9 500 soldats, dont 2 500 militaires américains, encore présents en Afghanistan. Les Etats-Unis étaient intervenus en Afghanistan en 2001 en invoquant le refus des Taliban de livrer le chef de l'organisation terroriste Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

En 20 ans de présence militaire dans le pays, Washington déplore 2 500 morts, et a dépensé plus de 2 000 milliards de dollars.

Les insurgés islamistes taliban sont entrés à Kaboul le 15 août, après une fulgurante offensive qui en à peine dix jours leur a permis de prendre le contrôle de pratiquement tout le pays, et d'occuper le palais présidentiel déserté par le président Ashraf Ghani, en fuite à l'étranger.