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Séoul et Pyongyang rétablissent leurs canaux de communication après une longue période de tension

Alors que les relations semblaient au point mort entre les deux Corées, les canaux de communication vont être rétablies après treize mois de suspension, a annoncé l'agence de presse nord-coréenne KCNA le 27 juillet.

Les relations intercoréennes viennent contre toute attente de se réchauffer avec le rétablissement, le 27 juillet, des canaux de communication entre Pyongyang et Séoul et des échanges de lettres entre les dirigeants, plus d'un an de silence.

Cette décision, qui a été simultanément annoncée par les deux  capitales, coïncide avec l'anniversaire de la fin de la guerre de Corée (1950-1953). Il s'agit de la première annonce positive depuis la série de sommets, en 2018, entre le président sud-coréen Moon Jae-in et le leader nord-coréen Kim Jong-un.

Les deux camps, qui sont encore techniquement en état de guerre, ont annoncé que les deux hommes avaient échangé depuis avril des lettres et décidé que le rétablissement des canaux de communication serait une première étape productive vers une reprise des relations.

«Les plus hauts dirigeants du Nord et du Sud sont tombés d'accord pour faire un grand pas vers le rétablissement de la confiance mutuelle et la promotion de la réconciliation en restaurant les lignes de communication intercoréennes qui ont été suspendues», rapporte l'agence nord-coréenne KCNA.

La Corée du Nord avait unilatéralement coupé tous ces canaux officiels de communication militaire et politique en juin 2020 après avoir dénoncé l'envoi sur son territoire de tracts de propagande anti-Pyongyang par des militants basés au Sud.

Un premier appel téléphonique

Le 27 juillet au matin, les deux dirigeants ont échangé un premier appel téléphonique, a annoncé le ministère sud-coréen de l'Unification. «Les deux dirigeants ont décidé de restaurer la confiance mutuelle entre les deux Corées dès que possible et d'avancer à nouveau dans la relation», a déclaré le bureau de Moon Jae-in.

Moon Jae-in fut l'un des principaux artisans du rapprochement intercoréen de 2018, qui s'était tenu dans le contexte des Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang. Il avait débouché sur le premier sommet de l'histoire entre un leader nord-coréen et un président américain en exercice, en l'occurrence Donald Trump.

Cette première rencontre s'est tenue en juin 2018 à Singapour et avait été suivie de deux autres entrevues entre Kim Jong-un et Donald Trump. Le processus intercoréen et les négociations sur les programmes nucléaire et balistique du Nord, sont globalement au point mort depuis le fiasco du sommet Kim-Trump de février 2019 à Hanoï. Quelques jours après avoir suspendu les canaux de  communication, Pyongyang avait détruit le bureau de liaison intercoréen situé sur son sol qui était un des symboles de la détente sur la péninsule.

Des interactions timides entre Pyongyang et Washington

Depuis que le président américain Joe Biden est entré en fonctions en janvier, Pyongyang et Washington ont adopté une attitude de très grande prudence, aux antipodes de la diplomatie des années Trump, qui avait oscillé entre l'échange d'insultes et les embrassades devant les médias du monde entier.

En juin, Kim Jong-un avait estimé que Pyongyang devait à la fois se préparer «au dialogue et à la confrontation» avec Washington, en insistant particulièrement sur la possibilité d'une «confrontation».

La Maison Blanche avait promis de son côté «une approche calibrée, pratique, ouverte à la diplomatie» avec la Corée du Nord, plaidant pour une approche «réaliste» par voie diplomatique, en étroite consultation avec la Corée du Sud et le Japon. Le représentant spécial des Etats-Unis pour la Corée du Nord Sung Kim a proposé en juin de rencontrer des envoyés de Pyongyang «n'importe où, n'importe quand, sans conditions préalables».

Des experts ont estimé le 27 juillet que le rétablissement des communications était une forme de réponse de Kim Jong-un à la proposition américaine de dialogue.

«Il semble qu'il ait décidé que la politique intérieure et étrangère du Nord pouvait bénéficier du rétablissement des relations intercoréennes», a déclaré à l'AFP Yang Moo-jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes. En dépit de l'impasse dans les discussions, Moon Jae-in n'a cessé de souligner l'importance de la restauration des liens intercoréens, a-t-il poursuivi. «Il faut lire cela comme la première réponse de Kim Jong-un à Séoul et à Washington», a-t-il ajouté.