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Tunisie : le président Kaïs Saïed limoge le Premier ministre

Quelques heures après des manifestations dénonçant la mauvaise gestion des affaires de l'Etat, le président tunisien a démis de ses fonctions Hichem Mechichi en invoquant l'article 80 de la Constitution.

Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé le soir du 25 juillet qu'il suspendait les travaux du Parlement et démettait de ses fonctions le chef du gouvernement Hichem Mechichi, après une journée de manifestations contre les dirigeants tunisiens.

Kaïs Saïed a annoncé ces mesures en vertu de l'article 80 de la Constitution à l'issue d'une réunion d'urgence au Palais de Carthage, alors que la Tunisie fait face à un pic d'épidémie de coronavirus et à une profonde crise politique qui paralyse le pays depuis des mois.

L'article 80 de la Constitution dispose plus précisément qu'«en cas de péril imminent menaçant les institutions de la nation et la sécurité et l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le Président de la République peut prendre les mesures nécessitées par cette situation exceptionnelle, après consultation du Chef du gouvernement et du Président de l’Assemblée des représentants du peuple et après en avoir informé le président de la cour constitutionnelle».

Comme le rapporte notre correspondant sur place Bacem Chebbi, des Tunisiens ont éclaté de joie à l'annonce du limogeage du Premier ministre.

Kaïs Saïed devient chef de l'exécutif et du parquet mais ne dissout pas le Parlement

Cette décision lui permet d'assurer lui-même la présidence de l’exécutif ainsi que du parquet. En attendant de nommer un nouveau chef du gouvernement, Kaïs Saïed a annoncé qu'il passerait des décrets-lois pour légiférer. Kaïs Saïed a annoncé ces décisions à l'issue d'une réunion d'urgence au Palais de Carthage, alors que la Tunisie fait face à un pic d'épidémie de coronavirus, et à une profonde crise politique opposant Kaïs Saïed au principal parti parlementaire, Ennahdha.

«La Constitution ne permet pas la dissolution du Parlement mais elle permet la gel de ses activités», a-t-il déclaré, s'appuyant sur l'article 80 qui permet ce type de mesure en cas de «péril imminent».

Kaïs Saïed a annoncé qu'il se chargeait du pouvoir exécutif, avec «l'aide du gouvernement» qui sera dirigé par un nouveau chef désigné par le président de la République. Il a en outre annoncé lever l'immunité parlementaire des députés.

Plusieurs milliers de Tunisiens ont manifesté le 25 juillet contre leurs dirigeants, notamment contre la formation islamiste Ennahdha. Ils ont notamment crié des slogans hostiles à cette formation et au Premier ministre qu'elle soutient, Hichem Mechichi, scandant «le peuple veut la dissolution du Parlement». Des locaux et symboles d'Ennahdha ont été pris pour cible.