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Le responsable de la cérémonie d'ouverture des JO limogé à cause d'une blague de 1998 sur la Shoah

Le comité d'organisation des Jeux olympiques de Tokyo a démis de ses fonctions le directeur de la cérémonie d'ouverture en raison d'un trait d'humour sur l'Holocauste lors d'un sketch filmé et qui remonte à 1998.

Le 21 juillet, soit deux jours avant que ne débutent les Jeux olympiques de Tokyo, la présidente du comité d'organisation Seiko Hashimoto a annoncé que le directeur de la cérémonie d'ouverture Kentaro Kobayashi avait été licencié. En cause, une vidéo datant de 1998, dans laquelle on voit le comédien japonais, aujourd'hui âgé de 48 ans, participer à un sketch au cours duquel il prononce notamment la phrase «jouons à l'Holocauste».

«Nous avons appris que lors d'une performance artistique passée [Kentaro Kobayashi] avait usé d'un langage moqueur au sujet d'un fait historique tragique», a expliqué Seiko Hashimoto avant de présenter les excuses publiques de son équipe pour ce chamboulement de dernière minute.

Le Centre Simon Wiesenthal était monté au créneau

Dans la vidéo en question, Kentaro Kobayashi et un autre comédien imitent un célèbre duo d'animateurs d'une émission télévisée japonaise pour enfants. Se mettant en scène dans une activité de bricolage centrée sur de petites poupées en papier, le comédien japonais lance notamment à son partenaire, en évoquant des activités à faire : «Celles de la dernière fois où tu avais dit "jouons à l'Holocauste"», déclenchant des rires du public. Le duo plaisante ensuite en imaginant la colère du producteur de l'émission à cause de cette référence à la Shoah. «Cela remonte à une époque où je n'arrivais pas à faire rire comme je le voulais, et je crois que j'essayais d'attirer l'attention des gens de manière irréfléchie», s'est excusé Kentaro Kobayashi.

«Aucune personne, aussi créative soit-elle, n'a le droit de se moquer des victimes du génocide nazi […] Toute association de cette personne aux Jeux olympiques de Tokyo insulterait la mémoire de six millions de Juifs et tournerait cruellement en dérision les Jeux paralympiques», avait auparavant déclaré le 21 juillet le Centre Simon Wiesenthal – une organisation juive internationale de défense des droits de l'homme – par la voix d'Abraham Cooper, rabbin et directeur de son «action sociale mondiale».

«Nous aurons la cérémonie d'ouverture demain et, oui, je suis sûr qu'il y a beaucoup de gens qui ne se sentent pas à l'aise avec l'ouverture des Jeux», a en outre réagi la présidente du comité d'organisation au regard des scandales qui se sont multipliés depuis l'obtention par Tokyo des Jeux olympiques.

Avalanche de scandales autour des JO de Tokyo

En effet, comme le relève l'AFP, ce limogeage intervient à peine quelques jours après la démission de Keigo Oyamada, compositeur de l'un des thèmes musicaux de la cérémonie d'ouverture. L'artiste japonais avait été rattrapé par d'anciennes interviews qu'il avait données dans les années 1990, où il racontait sur un ton léger comment il avait persécuté des camarades de classe handicapés dans sa jeunesse, les faisant notamment participer à des jeux sexuels et scatophiles.

En mars, un autre responsable artistique des cérémonies d'ouverture et de clôture des JO, Hiroshi Sasaki, avait lui aussi démissionné pour avoir suggéré en interne de déguiser en porc une comédienne corpulente et vedette japonaise des réseaux sociaux, Naomi Watanabe. Et en février, le président de Tokyo-2020, l'ancien Premier ministre japonais Yoshiro Mori, avait également dû quitter ses fonctions pour des propos jugés sexistes. Alors que le comité d'organisation des JO discutait de l'objectif de viser au moins 40% de membres féminins, il avait fait part de son expérience personnelle, expliquant que «les conseils d'administration avec beaucoup de femmes» prenaient «beaucoup de temps». «Les femmes ont un sens aigu de la compétition. Si une personne lève la main, les autres se disent "je dois probablement dire quelque chose aussi".», avait-il illustré à l'appuis de son propos, se déclarant favorable à une limitation du temps de parole dans les réunions du comité d'organisation.

Ces scandales en cascade ont entaché l'image des JO de Tokyo, déjà impopulaires auprès d'une grande partie de la population japonaise qui redoute que l'événement n'aggrave la crise sanitaire dans le pays. Des enquêteurs français ont par ailleurs mis en lumière des pots-de-vin présumés versés à des membres du Comité international olympique pour influencer le vote en faveur de Tokyo. L'affaire avait notamment provoqué le départ, en juin 2019, d'un membre influent du comité international olympique, le septuagénaire Tsunekazu Takeda. Initialement prévus du 24 juillet au 9 août 2020, les Jeux olympiques doivent se tenir du 23 juillet au 8 août 2021 (et les Jeux paralympiques du 24 août au 5 septembre 2021).