Dans un communiqué publié ce 18 juillet, le ministère algérien des Affaires étrangères annonce qu'il rappelle «pour consultations» son ambassadeur à Rabat. Alger précise se réserver le droit de prendre «d'autres mesures» si nécessaire.
En cause, selon le ministère, l'Algérie attend «des explications claires» des autorités marocaines «sur la situation d'une extrême gravité créée par les propos inadmissibles de son ambassadeur à New York».
L'Algérie accuse le Maroc de soutenir un «groupe terroriste connu»
Comme le rapporte l'agence de presse marocaine MAP, le représentant permanent du Maroc aux Nations unies à New York, Omar Hilale, a affiché son soutien au «droit à l’autodétermination du peuple kabyle», dans une note officielle diffusée parmi les pays participant à un sommet des pays non alignés ces 13 et 14 juillet.
Pour Alger, cette «note officielle [...] consacre formellement l’engagement du Royaume du Maroc dans une campagne hostile à l’Algérie, à travers un soutien public et explicite à un prétendu "droit à l’autodétermination du peuple kabyle" qui, selon ladite note, subirait "la plus longue occupation étrangère"». Dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères ajoute encore, en référence au Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, récemment classé comme terroriste par Alger : «Cette double assertion vaut reconnaissance de culpabilité en ce qui concerne le soutien marocain multiforme actuellement accordé à un groupe terroriste connu, comme cela a été le cas du soutien aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l’Algérie durant la "décennie noire".»
Le Maroc réagit à une référence au Sahara occidental
De son côté, le diplomate marocain a dénoncé la référence faite par Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, au conflit au Sahara occidental, lors de son discours. Le chef de la diplomatie algérienne s'était en effet dit «solidaire» du «peuple sahraoui», appelant l'ONU à se pencher davantage sur «la reprise du conflit armé entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario».
Omar Hilale s'est alors indigné du choix d'évoquer la question du Sahara occidental qui selon lui «relève exclusivement du Conseil de sécurité de l’ONU, [et] n’était ni inscrite à l’ordre du jour de la réunion, ni en liaison avec son thème».
«L’autodétermination n’est pas un principe à la carte. C’est pourquoi le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination», a alors affirmé le diplomate marocain dans sa note, suscitant de nombreuses réactions d'indignation en Algérie.
La question du statut du Sahara occidental oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis dont la revendication est soutenue par l'Algérie. Le Polisario, front politique armé qui lutte pour l'indépendance de cette région, réclame un référendum d'autodétermination prévu par l'ONU, tandis que le Maroc, qui contrôle plus des deux tiers de ce vaste territoire désertique, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Les négociations menées par l'ONU et impliquant le Maroc et le Polisario avec l'Algérie et la Mauritanie en tant qu'observateurs sont suspendues depuis mars 2019.