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Israël fustige des citations attribuées à Loukachenko sur les Juifs et la Shoah

L'Etat hébreu s'indigne de propos attribués au chef d'Etat par la presse israélienne. Déplorant un manque de reconnaissance de «l'holocauste biélorusse» commis par les nazis, il estimait que «le monde entier s'inclin[ait]» devant «les Juifs».

Un extrait du discours du président biélorusse Alexandre Loukachenko consacré aux crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale à l'encontre de ses concitoyens suscite l'ire d'Israël. En cause : le dirigeant a déploré le manque de reconnaissance d'un «holocauste biélorusse», qu'il a mis en parallèle avec le fait que, selon lui, «le monde entier» s'inclinerait devant «les Juifs» au sujet de la Shoah. La traduction de ces commentaires repris dans la presse israélienne a suscité l'indignation des autorités de l'Etat hébreu, tandis que Minsk dénonce des propos «déformés».

Lors d'une prise de parole le 3 juillet près de Minsk, depuis le mémorial du Tertre de la Gloire, rendant hommage aux soldats de l'armée rouge tombés en 1944 lors de la campagne de Biélorussie, le dirigeant avait déploré un manque de reconnaissance historique envers le sacrifice de son peuple.

«Nous ne devons pas perdre de vue le fait [...] que certains veulent réécrire notre histoire, nous priver de notre grande Victoire», avait-il notamment fait remarquer, ajoutant que «les Biélorusses [avaient] payé de la vie d’un habitant sur trois».

Abordant la question de l'héritage historique de cet aspect de la Deuxième Guerre mondiale, Alexandre Loukachenko déplorait que les Biélorusses n'aient pu «expliquer [...] aux autres, à l’étranger» ce sacrifice. «Nous ne les avons pas amenés à ce qu’ils apprécient cette Victoire – et, par notre Victoire, qu’ils nous apprécient aussi – et à ce qu’ils comprennent que nous les avons sauvés, que nous leur avons donné la vie», avait ainsi poursuivi le chef d'Etat, ajoutant encore : «Cela s’apparente à un holocauste biélorusse.»

C'est alors qu'il s'était risqué à une comparaison : «Les Juifs ont pu le prouver, par exemple. Le monde entier s’incline devant eux aujourd’hui, ils ont même peur qu'on les montre du doigt. Et nous, nous sommes si tolérants, si gentils, nous ne voulions offenser personne. En fin de compte, nous sommes arrivés à être, nous, offensés.»

Israël dénonce des propos «inacceptables»

La traduction de ces propos par plusieurs médias israéliens, selon lesquels Alexandre Loukachenko aurait affirmé que «les Juifs ont réussi à mettre le monde entier à genoux devant eux et [que] personne n’osera élever la voix et nier l’Holocauste» ou encore que «le monde entier s'incline devant les Juifs à cause de la Shoah, de peur de leur dire un mot de travers», a suscité l'indignation de l'Etat hébreu.

Cité par le journal Times of Israel, le ministère israélien des Affaires étrangères a qualifié d'«inacceptables» les propos attribués à Alexandre Loukachenko. Le chargé d’affaires de l’ambassade de Biélorussie en Israël a pour sa part été convoqué pour tirer au clair l’incident, selon cette même source et i24 News.

Minsk dénonce des propos «déformés»

L’ambassade de Biélorussie en Israël, dans un communiqué cité par le Times of Israel, a pour sa part estimé que les citations reprises dans les articles de la presse israélienne «n’avaient rien à voir avec la réalité», déplorant que les propos aient été «déformés».

Elle a par ailleurs souligné qu'Alexandre Loukachenko avait souhaité mettre en avant que la commémoration de la Shoah constituait «un exemple pour les Biélorusses [du] travail colossal et réussi de l’État juif pour préserver la vérité et la mémoire historiques, y compris sur la scène internationale».

«Le noble objectif de ce travail – perpétuer la mémoire des victimes de l’Holocauste et empêcher toute tentative de le nier – ne fait aucun doute», a encore ajouté l'ambassade.