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Poutine favorable à une loi interdisant tout parallèle entre l'URSS et l'Allemagne nazie

Le président russe a déclaré que la Russie avait le droit d'établir des mécanismes visant à protéger la vérité historique sur la Seconde Guerre mondiale. Toute comparaison entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie pourrait devenir hors la loi.

Le président russe Vladimir Poutine a soutenu l'idée de renforcer les mesures législatives interdisant de placer les objectifs et les actions de l'URSS durant la Seconde Guerre mondiale sur un pied d'égalité avec ceux de l'Allemagne nazie. La question a été abordée le 27 octobre par Elena Iampolskaïa, chef de la commission de la culture de la Douma (chambre basse du Parlement russe) lors du Conseil présidentiel de la culture. 

«Je suis d'accord avec vos propositions. Il faut être prudent, bien sûr, mais [il faut] le faire», a répondu le chef de l'Etat. Il a attiré l'attention sur le fait que dans certains pays, des sanctions pénales étaient prévues pour négationnisme, notamment du génocide arménien par l'Empire ottoman. «Dieu lui-même nous a probablement ordonné de prévoir des moyens appropriés pour protéger la vérité concernant un passé très récent», a souligné le président. 

Pour illustrer son argumentation, Elena Iampolskaïa a mentionné, sans toutefois les nommer, deux livres étrangers récemment publiés en Russie, qui établissent des parallèles entre l'URSS et l'Allemagne nazie, l'un d'entre eux affirmant, selon elle, que «les Soviétiques étaient pires que les nazis». La députée s'en est scandalisée, indiquant que de telles affirmations étaient «absolument inacceptables» et devraient être punies par la loi.

Elle a également déploré le tirage de ces livres : le premier a été publié à 45 000 exemplaires et le second à 80 000. Les deux ouvrages, «offensants et sans fondement», sont populaires parmi les jeunes, note la parlementaire. A cet égard, citée par l'agence d'information Tass, Elena Iampolskaïa a proposé de durcir la législation et d'introduire dans la loi une norme interdisant tout rapprochement public entre les objectifs et actions des dirigeants, du commandement et du personnel militaire de l'Union soviétique et de l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Selon cette députée russe, tout en préservant la liberté de discussion autour de l'histoire en Russie, il faut freiner la profanation de la mémoire des ancêtres.

Les débats autour du rôle de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale sont devenus très sensibles ces dernières années en Russie, où le président s'est imposé comme garant de la mémoire historique. Durant sa présidence, Vladimir Poutine a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de protéger la mémoire de la contribution soviétique à la Victoire dans la Seconde Guerre mondiale, proclamant son intention de lutter contre les tentatives de «déformer l’histoire». Le 23 février (jour férié en Russie commémorant les personnes ayant servi dans les forces armées du pays), le président a noté que l’Armée rouge avait aidé à libérer non seulement l’URSS, mais une grande partie de l’Europe. «Nous ne permettrons pas que cette page héroïque de l'histoire soit barrée», a déclaré Poutine. «Nous dénoncerons toute tentative de déformer l’histoire et de faire oublier l’esprit d’alliance et de fraternité.»

Plus tôt cette année, le compte Twitter officiel de la Maison Blanche avait suscité la controverse en affirmant que les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient gagné la Seconde Guerre mondiale, omettant complètement la contribution de l'Union soviétique.