«Nous avons répété à maintes reprises que les sanctions nuisaient aux intérêts des citoyens, qu'elles étaient contre-productives et vicieuses, cependant ces actions destructrices délibérées se poursuivent» : dans un communiqué publié ce 22 juin, le ministère biélorusse des Affaires étrangères a dénoncé les nouvelles sanctions décrétées par les Occidentaux à l'encontre de Minsk.
Dénonçant des «actions hostiles» et des «pressions sur un Etat souverain», le ministère a ironisé sur les déclarations occidentales qui «ressemblent à une parodie de logique et de bon sens». Pour Minsk, ces nouvelles sanctions «frisent la déclaration de guerre économique».
Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, a tout particulièrement vilipendé l'Allemagne, renvoyant celle-ci à son passé nazi : «Ce qu'on n'attendait pas, c'est que l'Allemagne participe aussi à ce complot collectif», a lancé le chef d'Etat, à l'occasion des commémorations du 80e anniversaire du début de l'invasion de l'URSS par le IIIe Reich. «On ne l'attendait pas de ceux dont les ancêtres avaient tué un Bélarusse sur trois et empêché la naissance de millions d'enfants», a-t-il affirmé, ajoutant : «80 ans sont passés, et alors? C'est quoi, une nouvelle guerre chaude ?»
Sanctions occidentales
L'Union européenne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont en effet décidé le 21 juin de sanctionner des dizaines de personnalités et des entreprises liées au pouvoir en place en Biélorussie. Au total, 78 noms de responsables et huit entités ont été ajoutés à la liste des Biélorusses sanctionnés à la suite du déroutement d'un appareil de Ryanair qui survolait le pays le 23 mai. L'avion avait été contraint de se poser en urgence en raison d'une alerte à la bombe, et deux des passagers – l'opposant biélorusse Roman Protassevitch et son amie russe Sofia Sapega – avaient alors été interpellés. Les autorités biélorusses avaient attribué cette menace à la bombe au mouvement islamiste palestinien Hamas, qui avait de son côté démenti tout rapport avec cette affaire.
Parmi les personnes sanctionnées figurent des hommes d'affaires, les ministres biélorusses de la Défense et des Transports, le chef d'état-major de l'armée de l'air et l'un des fils du président Alexandre Loukachenko.
Parallèlement à ces sanctions individuelles, les Européens ont décidé de frapper d'importantes sources de revenus de la Biélorussie en cessant les importations de produits pétroliers et de certains types de potasse, ainsi que les exportations de produits pour les usines de tabac biélorusses.
L'UE va aussi renforcer son embargo sur les armes, interdire la vente de biens à double usage et du matériel de surveillance, ainsi que tout nouveau prêt bancaire au gouvernement biélorusse.
Si les produits pétroliers et la potasse figurent parmi les exportations phares de la Biélorussie, les 27 Etats membres de l'UE ne sont toutefois pas au nombre des principaux clients pour ces marchandises.
Plus de trente ans après la dissolution de l'URSS, l'économie biélorusse reste largement sous le contrôle de l'Etat et dépendante de la Russie, le principal allié et créditeur de Minsk.