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Algérie : grâce présidentielle pour des jeunes détenus du Hirak

Abdelmadjid Tebboune, le président de l'Algérie, va gracier plusieurs membres du mouvement Hirak, incarcérés pour avoir manifesté. Cette grâce traditionnelle lors de la célébration de l'indépendance algérienne pourrait s'élargir à d'autres détenus.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ordonné la libération de jeunes détenus incarcérés pour avoir appelé ou pris part à des manifestations dans le cadre du mouvement de contestation du Hirak, selon un communiqué du ministère de la Justice, publié le soir du 4 juillet. Cette mesure de clémence est traditionnelle chaque année à la veille de l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962). 

«A l'occasion du 59e anniversaire de la fête de l'Indépendance et de la Jeunesse [...], le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décrété des mesures d'élargissement au profit des jeunes poursuivis pénalement et se trouvant en détention pour avoir commis des faits liés à des attroupements et autres actes qui y sont liés», indique le communiqué.

18 prisonniers au moins seront libérés par la grâce présidentielle

Dix-huit prisonniers ont été graciés le 4 juillet au soir et «l'opération se poursuit pour les autres», ajoute le communiqué, diffusé par l'agence officielle APS.  Le ministère de la Justice n'a pas précisé le nombre de détenus concernés.

Plus de 300 personnes sont actuellement en prison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien. La majorité d'entre eux sont des jeunes arrêtés dans les semaines qui ont précédé les élections législatives du 12 juin.

Déterminé à briser le Hirak, le pouvoir a de facto interdit ses manifestations et multiplié les arrestations et les poursuites judiciaires visant ses militants, ainsi que des opposants politiques, des universitaires et des journalistes.

Plus de 80 ONG algériennes et internationales ont récemment interpellé le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies à propos de «l'escalade répressive» des autorités algériennes et de «la criminalisation incessante des libertés fondamentales».

Né en février 2019 du rejet populaire d'un cinquième mandat présidentiel d'Abdelaziz Bouteflika, le Hirak – un mouvement pacifique et sans véritable leadership – réclame un changement radical du système de gouvernance en place depuis l'indépendance. Jusqu'à présent en vain.