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«Manque de confiance en elle-même» : Loiseau regrette le rejet par l'UE d'un dialogue avec Moscou

«La liste est longue de ces crises que la Russie seule n’a pas réglées mais qui ne se régleront pas sans elle», a estimé la députée européenne Nathalie Loiseau, favorable à une reprise du dialogue avec Moscou, comme Emmanuel Macron et Angela Merkel.

L'eurodéputée française Nathalie Loiseau a regretté dans une tribune pour L'Opinion l'«enterrement de première classe» de l'idée d'une relance du dialogue entre Bruxelles et Moscou.

Alors qu'un sommet était organisé à Genève entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Joe Biden, Angela Merkel et Emmanuel Macron avaient dit souhaiter organiser une rencontre avec le locataire du Kremlin pour traiter de sujets d'intérêt majeur pour l'UE. Mais à l'issue du Conseil européen le 24 juin, les dirigeants des 27 n'ont pu s'entendre sur le sujet du fait de l'opposition des pays baltes, de la Pologne, de la Suède et des Pays-Bas.

Dans sa tribune, Nathalie Loiseau déplore ainsi l'«échec» d'une «bonne idée » de la part des dirigeants français et allemand. «Il n’est pas nécessaire d’avoir confiance dans son interlocuteur pour s’entretenir avec lui», a-t-elle expliqué, avançant les nombreux sujets de discussion qui pouvaient justifier cette reprise du dialogue, en particulier la situation en Syrie, en Afghanistan, en Libye et le dossier du nucléaire iranien. «La liste est longue de ces crises que la Russie seule n’a pas réglées mais qui ne se régleront pas sans elle», ajoute l'ancienne ministre des Affaires européennes.

L’Union européenne doit apprendre à se faire respecter

Nathalie Loiseau pointe plusieurs raisons à ce raté, comme «le souvenir de l’humiliant voyage à Moscou de Josep Borrell». «L’Union européenne doit apprendre à se faire respecter», ajoute l'élue, qui souligne une «méfiance vis-à-vis de Moscou», un «manque de confiance en elle-même», et une «défiance entre Etats membres» comme facteurs d'explication.

Sur ce dernier point, l'ancienne directrice de l'ENA estime que certains pays de l'UE ont pu craindre un double jeu de la part de l'Allemagne pour motiver leur refus d'une amélioration du dialogue entre Moscou et Bruxelles : «On imagine combien la détermination allemande à achever le projet Nord Stream 2 a entretenu le soupçon qu’à Berlin, la politique commerciale tiendrait lieu de politique étrangère», a-t-elle ainsi écrit.

Côté russe, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré, le 25 juin, qu'il avait appris ce refus du Conseil de l'UE «avec regret», qualifiant la décision européenne «d'illogique et nocive pour l'avenir». Il a assuré que Vladimir Poutine restait «d'une manière générale favorable à l'établissement de relations de travail entre Moscou et Bruxelles».