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Vladimir Poutine partisan d'une reprise du dialogue Russie-UE, l'Ukraine se dit inquiète

Alors que le président russe se félicite d'un renforcement du dialogue Russie-UE, l'Ukraine a dénoncé cette potentielle reprise estimant que cela constituerait une «dangereuse divergence par rapport à la politique européennes de sanctions».

Le président Vladimir Poutine soutient une proposition franco-allemande visant à relancer au niveau européen les contacts directs avec la Russie et le chef de l'Etat russe, a fait savoir ce 24 juin le porte-parole du Kremlin. «Nous percevons positivement cette initiative. Vladimir Poutine est partisan de la création d'un mécanisme pour un dialogue et des contacts entre Bruxelles et Moscou», a affirmé Dmitri Peskov à la presse, tandis que l'Ukraine a dénoncé cette perspective qui sape, selon elle, la politique des sanctions.

L'Ukraine veut la poursuite de la politique de sanctions

Alors que les dirigeants de l'UE pourraient ouvrir la voie ce 24 juin à une reprise des sommets avec la Russie, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a pour sa part dénoncé une «dangereuse divergence par rapport à la politique européennes de sanctions» contre le gouvernement de Vladimir Poutine.

Kiev estime que la suspension du dialogue politique de haut niveau entre l’UE et la Russie fait partie intégrante de la politique de sanctions de l’UE contre la Russie. «Les initiatives pour reprendre les sommets UE-Russie sans voir aucune avancée de Moscou [...] ne peut que saper l'efficacité du régime de sanctions et dissuader encore davantage la Russie de mettre en œuvre les accords de Minsk» adoptés en 2015 pour mettre fin aux violences dans l'est de l'Ukraine, selon le chef de la diplomatie ukrainienne après un entretien à Bruxelles avec le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell.

Il a rappelé à cet égard que la décision de suspendre les sommets entre l’UE et la Russie avait été prise en 2014 dans le contexte du rattachement de la Crimée à la Russie à l'issue d'un référendum, que l'Ukraine estime être «une agression de la Russie». «La Russie ne montre malheureusement aucun désir de changer sa politique, ni à l’égard de l’Ukraine, ni à l’égard de l’UE. Nous pensons que la reprise des sommets n’a aucun fondement», a insisté le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

Nous ne pouvons pas rester dans une logique purement réactive à l'égard de la Russie

Débattre avec la Russie est nécessaire à la stabilité de l'Europe mais ce dialogue doit être «ambitieux» et «exigeant» de manière à «ne rien céder sur nos valeurs», a déclaré dans la foulée le président français Emmanuel Macron à son arrivée au sommet européen. Il faut «assumer d'avoir un dialogue pour défendre nos intérêts en tant qu'Européens, avec exigence [...] parce que nous ne cédons rien de nos valeurs», a-t-il dit, ajoutant que «c'est la bonne méthode».

Un projet de conclusions du sommet européen, consulté par l'AFP, évoque la nécessité pour l'UE de dialoguer avec Moscou sur des sujets pour lesquels elle a des intérêts, si les conditions sont réunies. Pour le chef de l'Etat français, «nous ne pouvons pas rester dans une logique purement réactive à l'égard de la Russie, au cas par cas, alors que de manière très légitime on a assisté à une discussion structurée entre le président Biden et le président Poutine».

Du côté du Kremlin, le porte-parole a dit suivre de près l'évolution de la proposition formulée par Angela Merkel de la reprise du dialogue entre l'UE et la Russie. Le président français Emmanuel Macron a emboîté le pas à la chancelière, mais, pour Moscou, il faut encore compter sur les autres pays de l'UE pour aboutir à une reprise. «Pour le moment, aucun préparatif réel n’a eu lieu», a expliqué Dmitri Peskov. «Le fait est que cette initiative a effectivement été proposée par Angela Merkel, puis ensuite soutenue par Emmanuel Macron, mais la discussion au sein de l’UE aura lieu avec la participation d’autres pays membres, c’est pourquoi il est très important de voir s’ils sont d’accord sur ce point ou non», a enfin souligné prudemment le porte-parole du Kremlin.