«Il faut que l'Europe parle à haut niveau avec la Russie», a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue américain Antony Blinken, ce 25 juin à Paris.
La volonté de Paris – et de l'Allemagne – de relancer le dialogue avec la Russie par un sommet avec Vladimir Poutine s'est heurtée au refus de plusieurs Etats-membres de l'UE lors d'un sommet européen à Bruxelles. Les pays baltes, la Pologne, la Suède et les Pays-Bas se sont opposés à la reprise du dialogue avec un dirigeant russe qui multiplie selon eux les actions agressives contre les pays de l'UE et ceux de son voisinage.
«Nous constatons la dérive autoritaire de ce pays qui prend différentes formes [...], sa dérive d'intimidation [...], sa dérive d'ingérence», a fait savoir Jean-Yves Le Drian. «Dans chacune de ces situations, nous condamnons, nous mettons en œuvre des sanctions et nous avons une position d'une certaine fermeté. Mais il n'empêche qu'il est important de parler avec la Russie, sans naïveté», a-t-il insisté.
«Il faut parler pour avoir une stabilité stratégique, relationnelle», a-t-il poursuivi en soulignant notamment l'importance des questions de contrôle des armements pour la sécurité en Europe.
«Je me félicite que nous soyons sortis de la logique purement réactive à l'égard de la Russie», affirme Macron
«Il n'y a pas les Américains qui sont les spécialistes du dialogue avec la Russie et les Européens qui seraient les spécialistes des sanctions. Chacun doit faire les deux», a-t-il martelé, en référence au sommet entre les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine, le 16 juin à Genève.
Logique qui s'est avérée être inefficace
Jean-Yves le Drian avait déjà exprimé le 22 avril le besoin pour la France d'avoir un dialogue avec la Russie lors d'un passage sur France 2 en lançant qu'«il faut qu'on continue à se parler, c'est notre voisin : il est assez encombrant mais il est toujours là». Jean-Yves Le Drian, coutumier de souffler le chaud et le froid sur la question russe, plaide depuis plusieurs mois pour renouer un dialogue pragmatique avec Moscou. «Je me félicite que nous soyons sortis de la logique purement réactive à l'égard de la Russie», s'est félicité le même jour le président français, qualifiant la mécanique des sanctions envers Moscou de «logique qui s'est avérée être inefficace».
Le Kremlin a de son côté exprimé ses «regrets» après l'annonce des 27. «Nous savons que des pays se sont opposés à ce dialogue et nous savons qu'il s'agit avant tout des "jeunes" Européens, les Etats baltes, la Pologne [...] et le fait est que ce sont ces mêmes pays qui parlent le plus souvent sans fondement de l’existence d’une certaine menace pour eux de la part de la Fédération de Russie», a-t-il ajouté.