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Le Kremlin regrette que l'Union européenne refuse l'idée d'un sommet avec Vladimir Poutine

Alors que l'Union européenne a rejeté la veille l'éventualité d'un sommet avec Vladimir Poutine, malgré les propositions de l'Allemagne et de la France en ce sens, le Kremlin a déploré ce 25 juin que des pays européens soient «opposés à ce dialogue».

Le Kremlin a annoncé le 25 juin avoir appris «avec regret» le rejet par l'Union européenne de l'idée franco-allemande d'une relance du dialogue avec la Russie par un sommet avec le président russe Vladimir Poutine. «Le président Poutine reste d'une manière générale favorable à l'établissement de relations de travail entre Moscou et Bruxelles», a précisé le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov. «Nous savons que des pays se sont opposés à ce dialogue et nous savons qu'il s'agit avant tout des "jeunes" Européens, les Etats baltes, la Pologne [...] et le fait est que ce sont ces mêmes pays qui parlent le plus souvent sans fondement de l’existence d’une certaine menace pour eux de la part de la Fédération de Russie», a-t-il ajouté.

Une semaine après la rencontre organisée à Genève entre le président russe et son homologue américain Joe Biden, Angela Merkel et Emmanuel Macron souhaitaient organiser une rencontre avec Vladimir Poutine pour traiter des sujets d'intérêt majeur pour l'Union européenne.

L’Union européenne s’est retrouvée otage d’une minorité agressive qui mène le bal, et otage de décisions prises au préalable

Mais le projet a divisé les Etats membres et le consensus n'a pas été trouvé. Les pays baltes, la Pologne, la Suède et les Pays-Bas se sont opposés à la reprise du dialogue, jugeant le dirigeant russe coupable d'actions agressives contre des pays européens.

«La Pologne a rejeté cette proposition allemande car nous pensons que cela valoriserait le président Vladimir Poutine au lieu de punir une politique agressive», a commenté ce 25 juin à Bruxelles le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki.

La France réaffirme la nécessité pour l'Union européenne de «parler à haut niveau» avec la Russie

Le porte-parole du Kremlin a également reproché à certains pays européens de s'aliéner la Russie «en faisant tout pour avoir sur leur territoire toujours plus de soldats de l'OTAN et d’autres pays, notamment des Etats-Unis.». «Et en plus ils rejettent le dialogue», a-t-il ajouté, poursuivant : «Cela crée un cercle vicieux. Ces pays, d’une part, parlent du danger et d’autre part, ils accueillent chez eux des forces armées étrangères, s’exposant ainsi à un danger plus grand».

Répondant à une question sur la position de la Fédération de Russie, le vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie a pour sa part relevé que pour dialoguer, il fallait être deux, mais que l’UE, de toute évidence, préférait monologuer. «L’Union européenne s’est retrouvée otage d’une minorité agressive et de décisions prises plus tôt», a déclaré Alexandre Grouchko à RIA Novosti ce même jour. La France a quant à elle réaffirmé la nécessité pour l'Union européenne de «parler à haut niveau» avec la Russie, malgré le refus de plusieurs Etats membres de l'Union d'engager une nouvelle fois ce dialogue.

«Il faut que l'Europe aussi parle à haut niveau avec la Russie», «sans naïveté» et «dans la fermeté», a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue américain Antony Blinken à Paris. Les relations entre l'UE et la Russie n'ont cessé de se détériorer depuis le rattachement de la Crimée à la Russie à l'issue d'un référendum et le début du conflit en Ukraine en 2014. Aucun sommet n'a eu lieu depuis cette date.

Ce même jour Angela Merkel s'est à nouveau exprimé sur le sujet, estimant qu'une «Europe souveraine devrait être en mesure de défendre ses intérêts» en parlant avec le président russe Vladimir Poutine comme l'a fait récemment le président américain Joe Biden. «Le président des Etats-Unis a rencontré Vladimir Poutine pour un entretien sérieux sans que cela donne l'impression que ce soit une récompense pour le président russe. Une UE souveraine, à mon avis, devrait également être en mesure de représenter les intérêts de l'UE dans une conversation similaire», a poursuivi la chancelière allemande à l'issue du sommet européen.