La droite espagnole a mobilisé ce 13 juin des milliers de personnes dans le centre de Madrid, pour dénoncer la volonté du Premier ministre Pedro Sanchez de gracier les indépendantistes catalans condamnés pour la tentative de sécession de 2017. Convoquée à la mi-journée sur la place Colon, choisie pour l'immense drapeau espagnol qui y flotte, cette manifestation a rassemblé 25 000 personnes, selon la police.
Pablo Casado et Santiago Abascal, les numéros un du Parti populaire (PP), le principal parti d'opposition, et de la formation anti-immigration et conservatrice Vox, étaient présents avec d'autres personnalités de droite. «Sanchez doit prendre note : il va les gracier [les indépendantistes] mais les Espagnols ne le gracieront pas», a lancé José Luis Martínez Almeida, le maire de Madrid et porte-parole du PP.
«Des milliers d'Espagnols unis sous un même drapeau contre ceux qui veulent voler notre souveraineté et notre justice pour la livrer au coup d'Etat séparatiste», a notamment tweeté le leader de Vox, photographies de la mobilisation madrilène à l'appui.
En février 2019, la droite avait déjà rassemblé au même endroit des dizaines de milliers de personnes pour appeler Pedro Sanchez à démissionner, l'accusant d'avoir «trahi» l'Espagne en dialoguant avec les indépendantistes catalans.
Alors que cette grâce, qui pourrait être officialisée avant la coupure estivale, suscite une grande controverse dans le pays, le Premier ministre la défend comme un geste d'apaisement en vue de trouver une issue à la crise en Catalogne. «Je comprends que des citoyens puissent avoir des objections [...] en pensant à ce qui s'est passé en 2017. Mais je leur demande [...] de la compréhension et de la magnanimité car le défi que nous avons devant nous, c'est-à-dire la coexistence, en vaut la peine», a-t-il déclaré le 9 juin lors d'une visite en Argentine.
Mais la droite accuse, elle, le socialiste de faire une nouvelle concession aux indépendantistes catalans dont dépend en partie son gouvernement minoritaire au Parlement.
Aucun «signe de repentir» après la tentative de sécession ?
Le Tribunal suprême, qui a jugé ces indépendantistes en 2019, s'est opposé à cette mesure dans un rapport remis récemment, justifiant son avis par le fait que les condamnés n'ont «pas montré le moindre signe de repentir».
Pour la plupart ex-membres du gouvernement régional séparatiste de Carles Puigdemont, ces 12 indépendantistes ont été condamnés pour leur rôle dans l'organisation d'un référendum d'autodétermination le 1er octobre 2017, pourtant interdit par la justice et qui avait été suivi quelques semaines plus tard par une déclaration unilatérale d'indépendance.
Sur ces 12, 9 purgent des peines de prison allant de 9 à 13 ans. Dont Oriol Junqueras, leader du parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC), allié clé du gouvernement Sanchez au Parlement. Dans une lettre ouverte publiée le 7 juin, ce dernier a fait un pas vers le Premier ministre en se montrant favorable à une grâce, alors que les indépendantistes exigeaient une amnistie, et en faisant l'autocritique de la dimension unilatérale de la tentative de sécession dont il a été l'un des protagonistes. «Nous devons être conscients que notre réponse n'a pas non plus été perçue comme pleinement légitime par une partie de la société», a-t-il fait valoir.
La frange la plus radicale du mouvement indépendantiste – qui comprend le parti de Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique en 2017 – prône en revanche toujours la voie unilatérale.