La France et les Etats-Unis sont «sur la même ligne» sur la nécessité de coopérer sur les grands dossiers internationaux, a assuré le 12 juin le président américain Joseph Biden à son homologue français. Emmanuel Macron avait pourtant émis des réserves quant à l'alignement Paris-Washington, l'avant-veille, en affirmant son désir de voir l'Union européenne se démarquer des Etats-Unis sur certains des grands dossiers internationaux.
C'était la première rencontre en tête-à-tête pour les deux dirigeants, en aparté du sommet des puissances du G7, depuis l'arrivée au pouvoir de Joe Biden en janvier. «Nous devons faire face à cette pandémie, nous devons affronter beaucoup de crises, le changement climatique, et nous avons besoin de coopération pour tous ces problèmes», a déclaré Emmanuel Macron en anglais, au début de leur échange. «Et je pense que c'est super d'avoir un président américain très désireux de coopérer», a-t-il ajouté, estimant que le dirigeant démocrate avait fait montre de «leadership dans le partenariat».
L’Europe n’est pas simplement un objet ou un territoire de la répartition des influences
«Nous sommes sur la même ligne», a répondu Joe Biden, assis à ses côtés devant une plage de sable blond. Il a souligné avoir «très à cœur la cohésion de l'OTAN» et a affirmé que l'Union européenne était une organisation «incroyablement forte et énergique».
Deux jours avant, lors d’une conférence de presse avant le sommet du G7 le 10 juin, le président français avait notamment plaidé pour une «voie» européenne, sans alignement sur Washington. «Maison commune, chambres à part», résumait ainsi le journal Le Monde.
Macron pour une «indépendance» de l'UE sur le dossier chinois
Lors de cette conférence d'avant G7, Emmanuel Macron avait ainsi dit vouloir «bâtir un nouveau partenariat avec les Etats-Unis». Se faisant plus précis, il avait évoqué le sujet des tensions entre la Chine et les Etats-Unis. Le président de la République avait estimé que l'UE et les Etats-Unis pouvaient avoir une communauté de valeurs, tout en souhaitant que les Européens puissent avoir une «indépendance quand il s’agit de [leur] stratégie à l’égard de la Chine». Emmanuel Macron avait, plus frontalement, signalé que sa «ligne» n'équivalait «ni [à] être vassalisés par la Chine ni [à] être alignés sur ce sujet avec les Etats-Unis d’Amérique ».
Le chef de l’Etat avait, à cet égard, exclu de réorienter l’OTAN contre Pékin, au bénéfice de Washington. «Pour ma part, la Chine ne fait pas partie de la géographie atlantique, ou alors ma carte a un problème», avait-il affirmé.
Autre dossier sur lequel Emmanuel Macron a formulé une voix divergente de celle des Etats-Unis : celui de la maîtrise mondiale des armements. Ce sujet épineux devrait être au cœur de la rencontre du 16 juin, à Genève, entre Joe Biden et Vladimir Poutine. Malgré la prolongation pour cinq ans du traité New Start par les Etats-Unis et la Russie, tout le système de réduction globale des armements semble à rebâtir et Emmanuel Macron n'entend pas que l'UE en soit exclue. «Nous ne pouvons pas accepter de revenir à une grammaire qui serait celle de la guerre froide», avait-il observé, toujours le 10 juin, plaidant pour que l’Europe ne soit «pas simplement un objet ou un territoire de la répartition des influences». «Nous devons être des interlocuteurs, des décideurs et des cosignataires», avait-il encore martelé.
Autant de points qui ne semblent pas avoir été évoqués par Emmanuel Macron lors de cette première rencontre avec son homologue américain, mais qui donnent une feuille de route des intentions françaises sur ces sujets.