Le président de la République Emmanuel Macron a affirmé ce 4 février lors d'un entretien accordé au think tank Atlantic Council que le dialogue avec la Russie était indispensable pour «la paix et la stabilité européenne», en dépit de profondes divergences entre l'Union européenne (UE) et la Russie sur certains dossiers comme l'Ukraine ou l'affaire Navalny. Au cours de son intervention, le locataire de l'Elysée a défendu sa politique de «réengagement» entre l’UE et la Russie qu’il promeut depuis le début de son quinquennat.
«[Il est] impossible d’avoir la paix et la prospérité en Europe, en particulier à nos frontières, si nous ne sommes pas en situation de négocier avec la Russie», a ainsi insisté le chef de l'Etat.
«Je suis extrêmement lucide. Dans le court terme, notre capacité à avancer et à obtenir des résultats concrets est très faible. Mais notre devoir est de préserver ou de relancer ces canaux de discussion et ne pas prendre la responsabilité d’arrêter le dialogue», a t'il ajouté, avant d'insister : «Si vous engagez en permanence le dialogue, vous pouvez obtenir quelques résultats, ou au moins éviter des divergences plus sérieuses. Cela va prendre des années, peut être des décennies, mais nous devons le faire pour la paix et la stabilité de l’Europe.»
Une vision géopolitique que le chef de l'Etat continue de défendre, et ce en dépit de l'emprisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny, qu'il a pourtant qualifié d'«énorme erreur». Il avait appelé deux jours auparavant à sa «libération immédiate». «La condamnation d'Alexeï Navalny est inacceptable. Un désaccord politique n'est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables», avait-il déclaré alors.
Macron souhaite rééquilibrer la coordination en sein de l'OTAN et milite pour une Europe de la défense
Au sujet de l'OTAN, le président français a insisté sur la nécessité de construire une défense européenne indépendante : «Je pense que plus l'Europe est investie dans la défense de ses zones d'intérêt, plus ça sera intéressant pour les Etats-Unis puisque notre coopération sera plus juste.»
«Les Européens doivent comprendre qu'on doit faire cette coopération et cette interopérabilité avec les Etats-Unis, mais notre devoir est de ne pas dépendre des décisions américaines», a t-il ajouté. «Faire partie de l'OTAN, c'était avoir accès à la protection de l'armée américaine. La contre-partie, c'était offrir des contrats, acheter du matériel [militaire] américain. Selon moi, c'est une situation perdant-perdant. Il n'est pas durable d'avoir des soldats américains en Europe, impliqués à une telle échelle, sans intérêts clairs et directs», a noté le chef d'Etat, soulignant que cet état de fait constituait selon lui «une décision implicite de l'Europe de ne pas être responsable de sa propre défense».
«Les intérêts européens et américains ne peuvent naturellement pas être les mêmes, quand il s'agit de nos zones d'influences […] Nous devons nous mettre en situation de préparer notre défense européenne», a conclu le locataire de l'Elysée.