International

«Centré sur les voix blanches» : un projet de film sur l'après-tuerie de Christchurch fait polémique

Ainsi que l'ont rapporté des agences de presse et médias anglophones, un projet de film sur la réponse politique néo-zélandaise aux attentats de Christchurch suscite une vague d'indignation dans le pays, sur fond de communautarisme.

Consacré aux actions politiques menées par le gouvernement néo-zélandais après la tuerie des mosquées de Christchurch – l'événement remonte au 15 mars 2019, date à laquelle l'assaillant australien Brenton Tarrant a tué 51 fidèles musulmans –, le projet de film «They are us», qu'on pourrait traduire par «Ils sont nous», fait l'objet de vives critiques émanant de certains milieux communautaires du pays.

[Personne ne devrait] chercher à tirer profit d'une tragédie qui a frappé notre communauté

«Le film est axé sur les voix blanches et continuera donc à blanchir la violence horrible perpétrée contre les communautés musulmanes [...] Il n'est pas approprié que le réalisateur [néo-zélandais] Andrew Niccol [The Truman show ou encore Lord of war], qui n'a pas connu le racisme ou l'islamophobie, mène et profite d'une histoire qu'il ne lui appartient pas de raconter [...] Il est également inapproprié que le film semble centré sur le Premier ministre Jacinda Ardern, une femme blanche», peut-on par exemple lire dans une pétition mise en ligne le 11 juin par l'Association néo-zélandaise de la jeunesse islamique (NIYA).

«L'association nationale de la jeunesse islamique demande que la production du film soit annulée immédiatement. Les shuhada (martyrs), leurs familles et l'ensemble de la communauté des victimes méritent d'être consultés minutieusement et au cœur de tout projet qui concerne les attentats terroristes du 15 mars. [Personne ne devrait] chercher à tirer profit d'une tragédie qui a frappé notre communauté», a écrit la NIYA sur les réseaux sociaux. A l'heure où nous écrivons ces lignes, la pétition en question a cumulé plus de 6 000 signatures. 

En substance, les détracteurs de «They are us» dénoncent «un projet qui ne se concentre pas sur les victimes des attaques», ainsi que l'a relaté l'agence de presse AP

«Le massacre de 51 Néo-Zélandais musulmans ne doit pas servir de décor pour un film sur la force des femmes blanches», s'est par exemple insurgée l'écrivaine et activiste Tina Ngata.

Pour rappel, une semaine après la tragédie, le Premier ministre du pays avait décidé de porter le voile islamique en guise de solidarité avec les familles des victimes, l'initiative ayant alors fait l'objet d'un intense phénomène médiatique sur la scène internationale.

Cité par le Guardian, l'auteur néo-zélandais et militant antiraciste Guled Mire estime aujourd'hui que les prémisses du film «They are us» sont «complètement insensibles» et regrette le fait que des membres de la communauté musulmane n'aient pas été consultés pour le projet. 

«Le scénario a été élaboré en consultation avec plusieurs membres des mosquées touchées par la tragédie», précise toutefois à ce sujet le média en ligne américain Deadline, dans un article aux multiples révélations sur ce projet de film. On y apprend notamment qu'une partie du tournage doit avoir lieu en Nouvelle-Zélande mais aussi que l'actrice australienne Rose Byrne devrait incarner le rôle du Premier ministre néo-zélandais Jacinda Ardern.