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Macron appelle «les Anglo-Saxons» à arrêter de «bloquer» les exportations de vaccins

Soulignant que les pays de l'UE se montraient «les plus généreux au monde dans le camp des pays développés» pour l'exportation de vaccins, le président français a déploré que 100% des vaccins produits aux Etats-Unis aillent au marché américain.

Ce 8 mai, le président français Emmanuel Macron a demandé aux Etats-Unis de «mettre fin aux interdictions à l'export non seulement de vaccins mais de composants de ces vaccins qui empêchent la production». La veille, le chef d'Etat avait appelé les «les Anglo-Saxons» à arrêter de «bloquer» les exportations de vaccins et des ingrédients nécessaires pour les produire, ce qui permettrait de renforcer «la solidarité» vaccinale mondiale.

«Pour que le vaccin circule, [il ne faut] pas bloquer les ingrédients et les vaccins eux-mêmes», a-t-il déclaré le 7 mai à son arrivée à un sommet européen à Porto. «Aujourd'hui, les Anglo-Saxons bloquent beaucoup de ces ingrédients et des vaccins. Aujourd'hui, 100% des vaccins produits aux Etats-Unis d'Amérique vont au marché américain», a-t-il déploré. 

Le chef d'Etat a souligné que sur 110 millions de doses produites en Europe, l'UE en avait exporté 45 millions et gardé 65 millions. «Nous sommes les plus généreux au monde aujourd'hui dans le camp des pays développés», a-t-il remarqué.

Le même jour, le quotidien allemand Die Welt a assuré que la France bloquerait une commande de 1,8 milliard de doses de vaccin Pfizer passée par l'Allemagne et destinée à l'ensemble de l'UE pour la période fin 2021-2023. Chaque commande de l'Union européenne requiert l'accord des 27 Etats-membres, et la France n'aurait pas donné le sien. Selon Die Welt, le commissaire européen chargé du marché intérieur, le Français Thierry Breton, qui défend l'amélioration des capacités de production de vaccins au niveau de l'UE, a exprimé des inquiétudes lors de la réunion. «Les laboratoires français souhaiteraient peut-être jouer un rôle plus important dans la production de vaccins», ont expliqué des diplomates de l'UE, selon des propos rapportés par le média allemand.

Mais la ministre française de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher a formellement démenti le 7 mai tout veto hexagonal : «Contrairement à ce qui est affirmé la France a officiellement confirmé son soutien au contrat BioNTech-Pfizer dans le cadre du processus formel conduit par la Commission européenne. La France a toujours clairement soutenu la conclusion d'un nouveau contrat.» 

Macron maintient sa nouvelle position de brevet public sur les vaccins

Toujours au sujet des vaccins, Emmanuel Macron semble s'être définitivement converti à l'idée de lever la propriété intellectuelle sur les vaccins anti-Covid. Le chef de l'Etat français avait pourtant balayé dans un premier temps cette éventualité, avant d'opérer une récente volte-face, au moment où son homologue américain Joe Biden s'y disait favorable. Emmanuel Macron a ainsi répété depuis le Portugal être «ouvert» à cette possibilité. «Nous, les Européens, nous battons pour que le vaccin soit un bien public mondial depuis maintenant un an, et je suis heureux qu'on nous suive», a-t-il lancé, alors qu'il expliquait encore le 23 avril que «le sujet, nous le savons aujourd'hui, [n'était] pas celui-là».

Ces derniers mois, Emmanuel Macron avait estimé à plusieurs reprises que le «bon débat» ne devait pas d'abord porter sur la propriété intellectuelle mais sur le transfert de technologie et la mobilisation des capacités de production. Il avait indiqué ne pas avoir «d'opposition, seulement des doutes sur l'efficacité d'une éventuelle libération des brevets».

Confirmant son changement de position, le chef d'Etat a toutefois précisé ce 7 mai que le débat sur les brevets ne devait «pas tuer la rémunération de l'innovation» et qu'il travaillait avec la chancelière Angela Merkel et la Commission européenne sur ce sujet. Les négociations risquent néanmoins de s'étendre, à en croire la déclaration la veille d'un porte-parole de Merkel. «La protection de la propriété intellectuelle est la source de l'innovation et doit continuer à l'avenir à le rester», a-t-il déclaré, selon Bloomberg.