L'Office allemand de protection de la Constitution, le Renseignement intérieur, va placer sous surveillance une partie de la mouvance anti-restrictions liées à la pandémie qui manifeste régulièrement dans le pays, a annoncé le 28 avril le ministère de l'Intérieur.
Les «phénomènes, groupes et individus» qui remettent en cause les «principes constitutionnels essentiels» sont dans le collimateur des autorités depuis que l'Allemagne a pris des mesures contre les libertés publiques pour lutter contre la propagation du virus, a souligné le ministère. Le ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, a également assuré que cette mesure visait à «empêcher des délits».
Cette décision intervient alors que la police a averti des députés qu'ils faisaient l'objet de menaces et d'injures sur internet, selon des médias allemands. La police criminelle a notamment découvert sur Telegram des listes de noms de députés ayant donné leur feu vert à cette réforme, dont l'une contient des menaces de mort, selon l'agence DPA et des médias qui citent un document des sociaux-démocrates. Elle a néanmoins expliqué que cette liste émanait d'une seule personne et que la menace restait donc relative.
Avec cette décision, le Renseignement intérieur, qui redoute que la propagation de théories jugées complotistes ne se poursuive après la fin de la pandémie, peut désormais rassembler des données sur certaines personnes évoluant dans cette mouvance.
Des protestations instrumentalisées pour susciter des échauffourées, selon les autorités
Depuis un an, ce mouvement vaste et hétéroclite dit des «libres-penseurs» organise régulièrement des rassemblements – qui donnent fréquemment lieu à des incidents avec la police – dans toute l'Allemagne pour protester contre les restrictions.
Dernier exemple en date, une manifestation a rassemblé le 21 avril environ 8 000 personnes à Berlin au moment où les députés adoptaient une réforme prévoyant notamment pour la première fois des couvre-feux au niveau national au-delà d'un certain seuil d'infections.
Dénonçant «la dictature» imposée par la lutte contre l'épidémie, la plupart de ces manifestants ne portent pas de masque et ne respectent pas les mesures de distanciation imposées par le gouvernement. Berlin juge que ces «libres-penseurs» colportent entre autres «des mythes conspirationnistes tels que QAnon», mouvement qui a démarré aux Etats-Unis, ou «d'autres ressentiments antisémites».
Les autorités allemandes estiment que ces protestations sont de plus en plus souvent instrumentalisées pour susciter des échauffourées. Les organisateurs de ces manifestations «montrent en partie clairement que leur agenda va au-delà de la simple mobilisation pour protester contre [les mesures restrictives]», a encore indiqué le ministère, pour qui des liens avec des extrémistes de droite sont sciemment recherchés.