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Nouveaux heurts à Jérusalem malgré l'appel au calme de Netanyahou

La Vieille ville de Jérusalem a de nouveau été le théâtre d'affrontements entre les forces de l'ordre israéliennes et des Palestiniens. Six d'entre eux ont été blessés alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahou a appelé au calme.

De nouveaux accrochages ont opposé dans la soirée du 24 avril Palestiniens et forces de l'ordre aux abords de la Vieille ville de Jérusalem après un appel au calme du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Les échauffourées étaient cependant de moindre intensité que les jours précédents, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Six Palestiniens ont été blessés, dont cinq traités sur place, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien. A Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël, des centaines de policiers avaient été déployés aux abords de la Vieille ville le 24 avril en début de soirée pour éviter de nouvelles violences après plusieurs jours d'affrontements impliquant extrémistes juifs, Palestiniens et forces de l'ordre, les plus importants depuis des années.

Quelques accrochages légers ont eu lieu à la porte de Damas, un des principaux accès à l'esplanade des mosquées située dans la Vieille ville, après la dernière prière du jour, en ce mois de ramadan, a constaté le journaliste de l'AFP. Des Palestiniens ont lancé des bouteilles d'eau sur les policiers qui ont répliqué avec des grenades assourdissantes. De jeunes Palestiniens ont également fait brûler des bennes à ordures dans les rues adjacentes de la porte de Damas.

Une centaine de Palestiniens ont par ailleurs jeté des pierres et des cocktails Molotov en direction du point de passage de Qalandiya entre Jérusalem et la Cisjordanie occupée, a rapporté la police.

«Nous voulons avant tout faire respecter la loi et l'ordre public [...] Nous exigeons maintenant que la loi soit respectée et j'appelle toutes les parties au calme», avait lancé le Premier ministre de l'Etat hébreu quelques heures plus tôt dans un communiqué après une réunion d'urgence des responsables de la sécurité.

Il a également déclaré que l'armée israélienne était «prête à tous les scénarios» dans la bande de Gaza, après le tir d'une trentaine de roquettes depuis l'enclave palestinienne sur le sud du territoire israélien dans la nuit du 23 au 24 avril. En représailles, des chars, des avions de combat et des hélicoptères militaires avaient ciblé, selon l'armée, des positions du Hamas.

La branche armée du Hamas, mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza, a apporté son soutien aux Palestiniens de Jérusalem-Est et menacé Israël. Trois nouvelles roquettes ont été tirées le 24 avril au soir depuis la bande de Gaza. L'une a été interceptée par le bouclier antimissile israélien, une autre a explosé dans un terrain vague et la troisième s'est abattue dans la bande de Gaza, selon l'armée.

Ces déclarations du Premier ministre israélien prennent place dans un contexte de tensions croissantes après les incidents ces derniers jours entre Juifs et Palestiniens à Jérusalem-Est. Les heurts les plus violents ont eu lieu le 22 avril, lorsque des Palestiniens ont voulu s'opposer à une marche de partisans d'un mouvement juif d'extrême droite qui scandaient «Mort aux Arabes». Les forces israéliennes, mobilisées pour cette marche, ont bloqué les Palestiniens. Une centaine d'entre eux ont été blessés, ainsi qu'une vingtaine de policiers israéliens. 

La Jordanie dénonce des «attaques racistes» de la part d’Israéliens

«Nous garantissons la liberté de culte comme chaque année, pour tous les habitants et tous les visiteurs de Jérusalem», a assuré Benjamin Netanyahou, faisant allusion aux prières sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, en cette période de mois de jeûne musulman de ramadan. Face aux tensions, le chef d'état-major Aviv Kochavi a décidé de reporter sa visite prévue aux Etats-Unis.

Les affrontements des derniers jours à Jérusalem ont commencé après que la police a empêché les Palestiniens de s'asseoir sur les marches entourant la porte de Damas, un lieu où ils se réunissent le soir pendant le ramadan. Et lorsque des juifs d'extrême droite ont prévu de manifester à proximité, de nombreux Palestiniens y ont vu une provocation. «Le problème, c'est que c'est le mois du ramadan et que la police a fermé les points d'entrée pour accéder à l'esplanade […] et que des Juifs radicaux nous ont provoqué ces derniers jours», a déclaré le 24 avril à l'AFP Mahmoud Issa, 30 ans.

Un millier de manifestants, principalement des Israéliens, appelant à la coexistence pacifique et au retour au calme, se sont rassemblés dans le centre de Jérusalem le 24 avril au soir. 

L'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland, a appelé «à éviter une nouvelle escalade». «Les actes de provocation à Jérusalem doivent cesser. Les tirs indiscriminés de roquettes vers les zones peuplées violent le droit international et doivent cesser immédiatement.»

Les Etats-Unis ont pour leur part exprimé leur «profonde préoccupation», condamnant des discours de «haine».

Pays voisin lié à Israël par un traité de paix, la Jordanie, qui administre les lieux saints musulmans à Jérusalem-Est, a condamné les «attaques racistes» israéliennes, avertissant que Jérusalem était «une ligne rouge». L'Iran, pays ennemi de l'Etat hébreu, a lui condamné «les agressions du régime sioniste et des colons».