Salves de roquettes contre tirs de chars : l'armée israélienne et des groupes islamistes armés ont échangé dans la nuit du 23 au 24 avril des tirs depuis et vers l'enclave palestinienne de Gaza dans la foulée de violences à Jérusalem, ont indiqué des sources concordantes à l'AFP.
Peu avant minuit heure locale, trois roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza – un territoire palestinien sous contrôle des islamistes du Hamas et sous blocus israélien – vers le sud d'Israël, a indiqué l'armée israélienne. Une des roquettes a été interceptée par le bouclier antimissile israélien «Dôme de fer» et les deux autres se sont abattues près de la barrière de sécurité séparant Israël de la bande de Gaza, a précisé Tsahal sur Twitter.
Puis, peu après minuit, des chars israéliens ont bombardé la bande de Gaza, selon des témoins et des sources sécuritaires dans ce territoire palestinien. L'armée israélienne a confirmé avoir visé des positions du Hamas.
Dès la fin de ces tirs, une douzaine de nouvelles roquettes ont été lancées depuis Gaza vers le sud d'Israël, dont certaines ont été interceptées, comme l'ont indiqué les forces de défense israélienne dans la matinée du 24 avril, alors que des sirènes retentissaient encore à l'aube dans des villages israéliens entourant la bande de Gaza. Face à ces tirs en provenance de Gaza, des avions et des hélicoptères de combat ont pilonné des sites du Hamas, notamment une infrastructure souterraine et un lance-roquettes, toujours selon Tsahal.
Selon le Times of Israel une trentaine de roquettes auraient au total été tirées contre Israël, mais elles n'ont causé que des dommages matériels mineurs et aucun blessé. Aucun mort n'a pour l'heure été rapporté du côté palestinien.
Des heurts entre Juifs et Palestiniens à Jérusalem
Ces tirs de roquettes sont les plus nombreux en une nuit depuis le début de l'année au moins, et selon Haaretz, ils ont été revendiqués par la division Nidal al-Amoudi des brigades des martyrs d'al-Aqsa (liée au Fatah) et par les brigades Abou Ali Mustapha, bras armé du Front populaire de libération de la Palestine. Ils interviennent au lendemain d'affrontements à Jérusalem impliquant des Juifs, des Palestiniens et la police, et ayant fait plus de 120 blessés.
A la suite de ces affrontements – les plus violents de ces dernières années dans la Ville Sainte – la branche armée du Hamas a apporté son soutien aux Palestiniens de Jérusalem-Est, en forme de mise en garde à Israël. «Nous disons aux jeunes et à notre peuple à Jérusalem : nous avons entendu les échos de vos cris bénis et de vos affrontements héroïques. Sachez que derrière vous se tient une résistance solide et prête [à en découdre]», a prévenu l'organisation dans un communiqué. Et d'ajouter : «L'étincelle que vous allumez aujourd'hui sera la mèche de l'explosion à venir face à l'ennemi». Un regroupement de factions palestiniennes – incluant le Hamas mais aussi le Jihad islamique, second groupe islamiste armé de la bande de Gaza – a indiqué dans un communiqué publié dans la nuit du 23 au 24 avril ne «pas pouvoir rester silencieux» à la suite des violences à Jérusalem.
Dans la soirée du 23 avril, de nouveaux accrochages – cependant moins violents que la veille – ont eu lieu dans des quartiers palestiniens de Jérusalem, où des jeunes ont lancé des projectiles sur la police, qui a quant à elle utilisé des grenades assourdissantes pour tenter de disperser la foule et procédé à des arrestations, selon un journaliste de l'AFP sur place. Des manifestations ont aussi eu lieu le même jour au point de passage de Qalandiya (qui mène d'Israël à la Cisjordanie), à Bethléem, à Ramallah, ainsi que dans la bande de Gaza.
Enclave paupérisée de deux millions d'habitants, la bande de Gaza est soumise à un blocus israélien depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007. Depuis, le Hamas et Israël se sont affrontés dans trois guerres (2008, 2012, 2014). Ces dernières années, les deux camps se sont entendus sur une trêve, via une médiation de l'Egypte, du Qatar et de l'ONU. Une situation qui n'empêche pas occasionnellement des escalades militaires ou des tirs sporadiques de roquettes et de ballons incendiaires depuis Gaza suivis de frappes de représailles de la part d'Israël.