A l'occasion de la journée de la Terre, plusieurs dirigeants mondiaux dont les présidents français, chinois et russe se sont exprimés ce 22 avril lors du sommet virtuel international pour le climat organisé par le président américain Joe Biden, dans un contexte de tensions diplomatiques entre la Russie et les Etats-Unis, qui semblent avoir été éludées à cette occasion.
Le locataire de la Maison Blanche a appelé le monde à «l'action» en dévoilant un nouvel objectif américain de réduction des émissions polluantes applaudi par plusieurs dirigeants qui ont salué le «retour» des Etats-Unis dans la lutte contre le réchauffement après les années Trump. A ce titre, Joe Biden a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de la première économie mondiale de 50% à 52% d'ici 2030 par rapport à 2005. Cet objectif doit permettre à l'économie américaine d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
De son côté, le président chinois Xi Jinping s'est lui aussi dit «déterminé à travailler avec la communauté internationale, et en particulier les Etats-Unis» sur ce front. Une déclaration qui contraste avec les très vives tensions entre les deux grandes puissances rivales sur nombre d'autres dossiers. Le dirigeant chinois a réaffirmé l'objectif d'une neutralité carbone de la Chine d'ici 2060.
Saluant l'engagement américain, le président français Emmanuel Macron a aussi lancé un appel à «accélérer» la cadence. L'Union européenne est parvenue in extremis à un accord sur une réduction nette d'«au moins 55%» de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990.
«Un seul objectif dans les prochaines semaines et les prochains mois : accélérer. Accélérer sur la mise en œuvre des engagements de l’horizon 2030», a-t-il déclaré, en demandant «un plan d’action qui soit précis, mesurable, vérifiable».
«Au fond, 2030 est le nouveau 2050. C’est ce plan que l’Union européenne a mis sur la table en décembre, traduit dans une loi climat européenne avec le Green Deal pour lui donner corps. A nous donc maintenant de mobiliser tous les leviers dont nous disposons, l’innovation, la transformation, la régulation». «Ce sera au cœur de l’action européenne précisément ces prochains mois», a-t-il encore ajouté.
Boris Johnson a quant à lui confirmé son projet renforcé, annoncé le 20 avril de réduire d'ici 2035 les émissions du Royaume-Uni de 78% par rapport à 1990.
Pour Poutine, la Russie remplit toutes ses obligations en la matière
Vladimir Poutine a pour sa part assuré que son pays remplissait toutes ses obligations pour lutter contre le changement climatique. «C'est avec responsabilité que la Russie met en œuvre ses obligations internationales dans ce domaine», a-t-il dit, citant la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, le protocole de Kyoto et l'accord de Paris, et assurant que la Russie travaillait «énergiquement à la mise en place d'une législation moderne» pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre.
Le président russe a exprimé son ambition de «limiter considérablement les émissions» de son pays d'ici à 2050. Il s'est notamment félicité du fait que les émissions actuelles de gaz à effet de serre de la Russie sont deux fois moins importantes qu'en 1990, passant de 3,1 milliards de tonne de CO2 rejetées à 1,6 milliard en raison selon lui de la «restructuration» de l'industrie après la chute de l'URSS.
La Russie est prête à proposer toute une série de projets conjoints
Défenseur de l'énergie nucléaire, Vladimir Poutine a assuré que 45 % du bouquet énergétique de la Russie est «basé sur des sources d'énergie à faibles émissions» de CO2. Il a aussi déclaré souhaiter que «tous les facteurs contribuant au réchauffement climatique» soient pris en compte, citant le méthane dont il aimerait réduire les émissions de moitié en trente ans, et appelé à améliorer la coopération internationale dans la lutte pour le réchauffement climatique. «La Russie est prête à proposer toute une série de projets conjoints, et à envisager des avantages pour les entreprises étrangères qui souhaiteraient investir dans les technologies propres [...] dans notre pays», a-t-il affirmé.
«Les émissions de la Russie devraient être inférieures à celles de l'UE»
Le 21 avril, devant l'Assemblée fédérale russe, Vladimir Poutine avait longuement abordé les défis climatiques de son pays annonçant que les émissions de gaz à effet de serre en Russie devraient être inférieures à celles de l’UE dans les trois prochaines décennies. «Au cours des trente prochaines années, le volume cumulé des émissions nettes de gaz à effet de serre en Russie devrait être inférieur à celui de l’Union européenne», a annoncé Vladimir Poutine.
Si quelqu’un a obtenu un profit au détriment de la nature, il doit tout nettoyer après.
S'il a admis que c’était un objectif difficile à atteindre, vu la taille du pays et ses caractéristiques climatiques et géographiques, Vladimir Poutine a assuré qu'un tel objectif, compte tenu du potentiel scientifique et technologique de la Russie, est absolument réalisable. Pour ce faire, il a évoqué l'adaptation de l’agriculture, de l’industrie, du secteur des services communaux, et de toutes les infrastructures dans ce dessein. Il a notamment cité à cet égard la création d'une «industrie pour le recyclage des émissions de carbone afin de réduire leurs volumes et de mettre en place un système de contrôle et de surveillance strict».
Vladimir Poutine a également proposé d’accélérer l’adoption de la loi sur la responsabilité financière des propriétaires d’entreprises pour les dommages causés à l’environnement. «Cette approche est très simple», a-t-il détaillé, «si quelqu’un a obtenu un profit au détriment de la nature, il doit tout nettoyer après. Il faut agir fermement sur ce sujet. Le Rosprirodnadzor [Agence de surveillance écologique] et d’autres organes de contrôle doivent remplir les missions qui leur sont confiées», a déclaré Vladimir Poutine.
En conclusion du sommet international sur le climat, Vladimir Poutine a souligné que la question de la résolution des problèmes climatiques était étroitement liée à des questions telles que la lutte contre la pauvreté et la réduction des écarts de développement entre les pays. Le dirigeant russe a insisté sur l’intérêt que la Russie portait à l’intensification de la coopération internationale pour résoudre les problèmes mondiaux pressants.
Ce sommet a permis aux grandes puissances invitées, qui représentent ensemble 80% des émissions mondiales, de se mettre en ordre de marche. Il a constitué un point d'étape vers la grande conférence de l'ONU, la COP26, prévue en fin d'année à Glasgow, en Ecosse.