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Présumées «primes russes» en Afghanistan : Washington patauge

La Maison Blanche a admis que le renseignement américain ne disposait pas de preuves concluantes pour étayer les accusations selon lesquelles la Russie aurait payé des Taliban afin d'attaquer les troupes américaines en Afghanistan.

Au mois de juin 2020, la thèse avait permis à Joe Biden d'accuser le 45e président des Etats-Unis d'avoir commis une grave trahison envers le peuple américain. Mais les allégations selon lesquelles Donald Trump aurait été informé que la Russie aurait payé des Taliban pour tuer des soldats américains en Afghanistan ne reposeraient finalement sur aucune preuve solide, à en croire de récentes déclarations de l'administration de l'actuel chef d'Etat américain. 

En effet, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a fait savoir le 15 avril 2021 que les services de renseignement américains n'accordaient finalement qu'une «confiance faible à modérée» aux rapports classifiés recoupant les allégations formulées l'année précédente. 

«Les informations sur les "primes" russes à l'encontre des troupes américaines sont incertaines», a ainsi rapporté l'agence de presse américaine AP ce 16 avril.

Jen Psaki a toutefois affirmé que les services de renseignement américain avaient évalué que leurs homologues russes interagissaient avec «des individus appartenant à des réseaux criminels afghans» et «encourageaient des attaques contre la coalition américaine en Afghanistan», non sans faire réagir Moscou.

«Nous exigeons que Washington fournisse les faits précis sur la base desquels ces déclarations non fondées ont été faites. Une fois de plus, nous déclarons que lesdites accusations ne sont rien de plus que des spéculations et des phobies de la communauté américaine du renseignement», a notamment répondu la porte-parole du ministre russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

Une affaire qui a profité à Biden

«La Russie a secrètement offert aux militants afghans des primes pour tuer des soldats américains, selon les services de renseignement», titrait le 26 juin le New York Times, se basant alors sur les confidences de représentants du renseignement américain. Et les sources du célèbre quotidien de préciser que Donald Trump avait eu accès à de telles informations quelques mois plus tôt : une aubaine pour le démocrate Joe Biden, qui s'était alors activement emparé de l'affaire contre son rival. Pour rappel, le mythe concernant une «collusion» présumée entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie venait de s'effondrer un mois plus tôt, après plusieurs années d'une intense médiatisation à charge contre le président républicain.

«Toute sa présidence a été un cadeau pour Poutine, mais cela dépasse les bornes [...] C'est une trahison du devoir le plus sacré que nous avons en tant que nation de protéger et d'équiper nos troupes lorsque nous les envoyons au front. C'est une trahison pour chaque famille américaine dont un proche sert en Afghanistan ou ailleurs à l'étranger», avait alors critiqué Joe Biden, quelques jours après la parution des premiers rapports, ainsi que le rappelle aujourd'hui l'agence AP.

De son côté, le président américain Donald Trump avait immédiatement réfuté les allégations le visant, évoquant «un canular» et accusant le New York Times de répandre des fausses nouvelles.

Moscou avait également tourné en dérision «les faibles capacités intellectuelles des propagandistes des services du renseignement américain». A l'époque, la diplomatie russe avait par ailleurs laissé entendre qu'il pouvait s'agir d'une opération visant à saboter le début des pourparlers de paix entre Kaboul et les Taliban. 

Après avoir maintes fois mis en cause les allégations en question, le célèbre journaliste Glenn Greenwald – prix Pulitzer et connu pour ses enquêtes explosives sur la surveillance de masse et la corruption – a également réagi ce 16 avril aux récentes déclarations de la Maison Blanche, dans un article où il analyse les enjeux des accusations de l'an passé, au regard du projet de retrait des troupes américaines d'Afghanistan annoncé par Donald Trump dès le mois de mai 2020