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Supposées primes russes aux Taliban : Moscou et Washington démentent un article du New York Times

Les diplomaties russe et américaine ont démenti des révélations du New York Times - basées sur des sources anonymes - selon lesquelles le renseignement militaire russe aurait payé des groupes armés afin de tuer des soldats américains en Afghanistan.

La diplomatie russe et la Maison Blanche ont démenti, le 27 juin, des révélations publiées la veille par le quotidien The New York Times, concernant des manœuvres attribuées à la Russie. Celle-ci selon «des représentants officiels» du renseignement américain, aurait financé, en 2019, des groupes armés en Afghanistan pour exécuter des militaires américains et de l'OTAN.

Les interlocuteurs cités dans l'article du New York Times affirment notamment que Donald Trump a eu accès «il y a quelques mois», à des documents selon lesquels le renseignement militaire russe (GRU) aurait secrètement distribué de l'argent à des combattants islamistes, et à des criminels «proches des Taliban» afin qu'ils tuent des soldats de la coalition internationale en Afghanistan.

Les faibles capacités intellectuelles des propagandistes des services du renseignement américain

Cité par l'agence de presse russe Tass, le ministère russe des Affaires étrangères a tourné en dérision «les faibles capacités intellectuelles des propagandistes des services du renseignement américain» qui «doivent inventer de telles absurdités faute de concevoir quelque chose de plus crédible». Et le porte-parole du ministère de suggérer que de telles allégations démontraient que les agences du renseignement américain «n'aimaient pas que [les] diplomates [russes et américains] fassent équipe pour faciliter le début des pourparlers de paix entre Kaboul et les Taliban».

Toujours selon l'agence Tass, l'ambassade de Russie à Washington a pour sa part déclaré que «les fausses publications de médias américains sur la Russie et l'Afghanistan avaient déjà conduit à des menaces directes contre les diplomates russes».

«Ni le président ni le vice-président n'ont été briefés sur ces soit-disant primes russes»

La Maison Blanche a également démenti les révélations du New York Times par la voix de sa porte-parole, Kayleigh McEnany. Citée par l'AFP, celle-ci a affirmé que «ni le président ni le vice-président n'[avaient] été briefés sur ces soit-disant primes russes», évoquant «l'inexactitude de l'histoire du New York Times, qui suggère à tort que le président Trump a été informé de cette affaire».

«Les Etats-Unis reçoivent des milliers de rapports de renseignements par jour, et ils sont soumis à un examen rigoureux», a expliqué Kayleigh McEnany. «Bien que la Maison Blanche ne commente pas systématiquement les prétendus renseignements ou les délibérations internes, le directeur de la CIA, le conseiller à la sécurité nationale et le chef d'état-major peuvent tous confirmer que ni le président ni le vice-président n'ont été informés des prétendus renseignements sur les primes russes» a-t-elle ajouté. «Cela ne concerne pas le mérite des prétendus renseignements mais l'inexactitude de l'article du New York Times suggérant à tort que le président Trump a été informé de cette affaire», a encore noté la porte-parole de la Maison Blanche.

Les médias mainstream qui publient des déclarations du renseignement de façon anonyme et sans aucune preuve, publient simplement des communiqués de presse de la CIA déguisés en information

Pour sa part, le journal américain n'a visiblement pas été en mesure d'étayer de telles révélations par d'autres témoignages que ceux d'interlocuteurs ayant parlé «sous la condition de l'anonymat pour décrire les renseignements délicats et les délibérations internes». Pour la journaliste indépendante Caitlin Johnstone, il s'agit d'une «faute journalistique». «Les médias mainstream qui publient des déclarations du renseignement de façon anonyme et sans aucune preuve, publient simplement des communiqués de presse de la CIA déguisés en information», estime-t-elle.

Quant aux entités visées par de telles allégations, les personnalités citées par le New York Times démentent pour leur part ce qui leur est reproché. Zabihullah Mujahid, un porte-parole des Taliban, a nié que les insurgés aient «de telles relations avec une quelconque agence de renseignement» et a qualifié le rapport de «tentative de diffamation». Egalement cité par quotidien américain, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a expliqué ne pas être au courant de telles accusations.