«En raison des menaces sérieuses qui pèsent sur les intérêts français au Pakistan, il est recommandé aux ressortissants français et aux entreprises françaises de quitter provisoirement le pays» : tel est le message adressé par l'ambassade aux Français résidant au Pakistan, selon une information de l'AFP ce 15 avril.
Des manifestations islamistes visant le gouvernement français
Le pays est en proie depuis plusieurs jours à de violentes manifestations islamistes, en réaction notamment au soutien affiché par Emmanuel Macron aux caricatures du prophète Mahomet. Né en réaction aux commentaires du président français après la décapitation du professeur Samuel Paty il y a plusieurs mois, le mouvement de protestation s'est amplifié ces derniers jours.
L'arrestation de Saad Rizvi, leader de l'influent mouvement islamiste Tehreek-e-labbaik Pakistan (TLP, signifiant littéralement «Mouvement pakistanais je suis là») a en effet suscité une nouvelle vague d'émeutes. Ce dernier a été interpellé en vertu de la loi antiterroriste, après avoir fixé un ultimatum au gouvernement pour l'expulsion de l'ambassadeur de France Marc Baréty.
Le parti islamiste, connu pour sa capacité à mobiliser ses sympathisants et bloquer des routes pendant des jours, avait promis, selon l'agence de presse pakistanaise APP, de «marcher sur la capitale» si ses revendications n'étaient pas entendues. Blocages et rassemblements ont en effet eu lieu ces derniers jours à Islamabad, mais également à Lahore (est) et Karachi (sud).
Selon la même source, au moins 2 policiers ont perdu la vie lors d'affrontements qui ont fait des dizaines de blessés.
Si Raoof Hussain, assistant spécial du Premier ministre pakistanais, a estimé que le TLP devait être «éliminé en utilisant toute la puissance de l'Etat», le gouvernement de ce pays ultraconservateur a plusieurs fois pointé du doigt la politique de Paris envers les musulmans. Le 25 octobre, soit neuf jours après l'attentat commis contre le professeur Paty, le Premier ministre pakistanais Imran Khan avait par exemple accusé Emmanuel Macron d'«attaquer l'islam», estimant que le président français «aurait pu jouer l'apaisement [...] plutôt que de créer une polarisation et une marginalisation supplémentaires qui conduisent inévitablement à la radicalisation».