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Minnesota : la police plaide l'accident après la mort d'un homme noir, les émeutes reprennent

La police d'une banlieue de Minneapolis où un jeune homme noir a été abattu lors d'un contrôle de la circulation, provoquant deux nuits d'émeutes, a expliqué que l'agent de police qui avait tiré avait confondu son Taser avec son arme à feu.

De nouvelles manifestations ont éclaté le 12 avril au soir à Minneapolis, malgré l'entrée en vigueur d'un couvre-feu visant à empêcher l'embrasement de cette ville du nord des Etats-Unis, après la mort le 11 avril d'un jeune homme noir abattu par la police en plein procès du meurtre de George Floyd.

Il s'agissait de la deuxième nuit consécutive de protestations après que Daunte Wright, 20 ans, a été abattu par la police alors qu'il conduisait avec sa petite amie. Lors d'un contrôle lié à des plaques d'immatriculation contrevenantes, un agent a «sorti son arme à feu à la place de son Taser», un pistolet à impulsion électrique censé être moins létal qu'une arme à feu, a déclaré le chef de la police locale Tim Gannon, en évoquant une mort «accidentelle». Pour étayer ses propos, il a présenté l'enregistrement du drame par la caméra-piéton de la policière.

Le 12 avril, les autorités judiciaires de l'Etat du Minnesota ont transmis l'identité de la policière impliquée dans un communiqué. Kimberly Potter, employée des services de police de Brooklyn Center depuis 26 ans, a été suspendue administrativement, précise le communiqué.

«Putain de merde, j'ai tiré sur lui»

Sur ces images, on voit des agents sortir le jeune homme de son véhicule et lui passer des menottes. Celui-ci oppose alors une résistance et se rassoit dans sa voiture. On entend la policière crier «Taser, Taser», pour signaler qu'elle va tirer. A la place, un coup de feu résonne. «Putain de merde, j'ai tiré sur lui», dit la policière alors que le jeune homme, mortellement blessé, démarre au volant de sa voiture qui s'écrase quelques rues plus loin. La façon dont l'agent de police a confondu son arme avec son Taser n'est pas claire. Le chef de la police locale a déclaré que les policiers sont formés pour placer les armes de poing «sur notre côté dominant, et le Taser sur notre côté faible».

Le président Joe Biden a qualifié l'homicide de «tragique», mais a mis en garde contre toute agitation violente potentielle. «Je pense que nous devons attendre et voir ce que l'enquête montre», a-t-il déclaré. «Les manifestations pacifiques sont compréhensibles» avait-t-il ajouté, se disant conscient de «la colère et la douleur» vécues par les Afro-Américains, mais «il n'y a absolument aucune justification» aux violences.

Emprisonnez tous les flics tueurs racistes

Ce drame a ravivé la colère à Minneapolis, qui avait connu plusieurs nuits d'émeutes après la mort de George Floyd, le 25 mai dernier, sous le genou du policier Derek Chauvin. En plus du couvre-feu dans toute l'agglomération décrété par les maires des villes jumelles de Minneapolis et Saint-Paul, un millier de soldats de la Garde nationale sont à pied d'œuvre pour empêcher de nouveaux débordements. Plus tôt dans la soirée, des centaines de personnes s'étaient rassemblées pour une veillée à l'intersection de la banlieue de Minneapolis où Daunte Wright a été abattu.

Le rassemblement dégénère

Une sculpture commémorative représentant un poing serré a été transportée depuis le site où George Floyd a été tué jusqu'au lieu de ce nouveau drame. «Etre une personne de couleur est fatigant», a déclaré à l'AFP Butchy Austin, 37 ans, employé de commerce devenu un activiste depuis le meurtre de George Floyd. «on veut savoir si on peut se sentir en sécurité». 

Peu avant 21h, près de deux heures après l'entrée en vigueur du couvre-feu, des dizaines de manifestants continuaient de brandir leurs pancartes et de scander des slogans – tout en s'abritant de la pluie sous des parapluies et des capuches – face au commissariat de la ville de Brooklyn Center. Les manifestants ont nargué la police à travers le grillage nouvellement érigé autour du commissariat, et portaient des pancartes clamant «Emprisonnez tous les flics tueurs racistes», «Suis-je le prochain ?» et «Pas de justice, pas de paix». 

La police a diffusé du gaz lacrymogène à plusieurs reprises en direction des manifestants, et leur a intimé l'ordre de se disperser. Selon Reuters, la foule a déferlé contre une clôture grillagée érigée pour tenir les participants à distance. Quelques bouteilles et autres projectiles ont été lancés. Un magasin discount à proximité a été pillé et vandalisé.