Au cours d'une interview réalisée ce jeudi, l'animateur de BFMTV Jean-Jacques Bourdin, a demandé au Premier ministre s’il n’était «pas indécent de se réjouir de la signature de contrats commerciaux avec l’Arabie saoudite, un pays (…) qui bombarde avec nos armes, peut-être, au Yémen, des populations civiles, des hommes, des femmes, des enfants, qui condamne à la décapitation un homme de 21 ans opposant au régime».
Valls a rétorqué qu’il s’agissait surtout, par la signature de ces contrats, de se battre pour les industries françaises et la création d’emplois. Bourdin a alors remarqué qu’on refusait pourtant de vendre des Mistrals «à la Russie parce que nous sommes scandalisés par la politique russe en Ukraine».
Mais pour le Premier ministre, la question n'est pas là : «le mot d’indécence amènerait (…) à considérer que nous ne pouvons pas discuter avec des pays qui ont soit la peine de mort, soit qui n’ont pas des régimes considérés comme pleinement démocratiques», a-t-il estimé, avant de conclure que «nous partageons avec l’Arabie saoudite un certain nombre de visions stratégiques», notamment sur la Syrie.
Durant l'interview, il a aussi été question du sort de Ali al Nimr, jeune Saoudien condamné à la décapitation. Sur ce dossier, Valls a affirmé avoir «demandé un geste de clémence», précisant toutefois que «nous n’avons pas eu de réponses».
L’intervention n’a pas été du goût de tout le monde ; le groupe Facebook Aidez le Yémen a ainsi posté : «Pour Manuel Valls il est normal de massacrer des familles entières au Yémen pour préserver nos emplois en France». Quant au militant politique Bahar Kimyongür, il s'est fendu d'un tweet sarcastique.
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