International

Israël suspend le «permis de voyager» du chef de la diplomatie palestinienne

Israël a suspendu l'autorisation de voyager accordée à Riyad Al-Maliki, ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne. Cette décision serait une sanction pour le soutien affiché à une enquête internationale contre Israël.

Comme le rapporte le Times of Israël, les autorités israéliennes ont suspendu le 21 mars l'autorisation spéciale de voyager accordée à Riyad Al-Maliki, ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne. Le ministre revenait d'un voyage en Europe où il s'est notamment rendu à la Cour pénal internationale (CPI) située à La Haye aux Pays-Bas.

Le ministre palestinien était détenteur d'un permis de voyager accordé aux personnalités importantes et hauts responsables de l'Autorité palestinienne. Ce document permet aux responsables palestiniens de franchir sans encombre les postes frontières et les points de passages gérés par les autorités israéliennes, notamment en Cisjordanie.

De retour de voyage, la délégation de Riyad Al-Maliki a été arrêtée et interrogée au poste frontière d'Allenby située entre la Jordanie et la Cisjordanie. Un haut responsable palestinien, Ahmed al-Deek, a déclaré que des agents du service de sécurité intérieure israélien (le Shin Bet) avaient interrogé le ministre pendant environ 30 minutes tandis que les autres membres de la délégation auraient été interrogés durant près d'une heure.

A l'issue de l'interrogatoire, les autorités israéliennes ont confisqué le document de voyage du ministre puis annoncé que cette autorisation spéciale pour voyager était finalement annulée. Pour l'heure, les autorités israéliennes n'ont pas justifié les raisons qui les ont poussées à suspendre cette autorisation mais un responsable israélien aurait néanmoins précisé que cette suspension serait «ponctuelle».

«Israël est incapable de résoudre les affaires par la loi»

D'après Al-Maliki, qui a finalement pu traverser le poste frontière pour se rendre en Cisjordanie, Israël aurait annulé ce permis en raison du soutien des autorités palestiniennes à la réalisation d'une enquête internationale menée par la CPI sur les potentiels crimes de guerre commis par Israël en Cisjordanie en 2014, laissant entendre que cette suspension de document serait une sorte de mesure de rétorsion. «Israël est incapable de résoudre les affaires par la loi, mais recourt plutôt à une politique d'intimidation, de sanctions et de menaces», a-t-il déclaré à l'agence de presse palestinienne WAFA.

A l'occasion de cette visite diplomatique en Europe, Al-Maliki s'est notamment rendu à La Haye pour rencontrer la procureur en chef sortante de la CPI, Fatou Bensouda. Début mars, et malgré les oppositions farouches d'Israël, la procureur avait annoncé ouvrir une enquête sur les actions commises par Israël en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est au cours de l'été 2014. Son annonce avait été immédiatement saluée par l'Autorité palestinienne.

Depuis plusieurs années, Israël fait tout son possible pour éviter cette enquête internationale en Cisjordanie. Juste après l'élection du nouveau président des Etats-Unis, Benjamin Netanyahou avait notamment invité Joe Biden à maintenir leurs sanctions contre les membres de la Cour pénale internationale afin de limiter toute probabilité d'une enquête.