Le ministre algérien de la Communication a déclaré dans un communiqué le 13 mars qu'un «dernier avertissement avant retrait définitif de l'accréditation a été adressé à France 24».
Le «parti pris» de la chaîne de télévision internationale «dans la couverture des marches du vendredi est flagrant, allant jusqu'à recourir sans retenue aucune à des images d'archives pour les antidater afin de porter secours à un résidu antinational constitué d'organisations réactionnaires ou séparatistes, aux ramifications internationales», a accusé le ministère.
Le ministère fait ainsi allusion au mouvement islamiste Rachad et au Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), tous deux illégaux en Algérie. Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a convoqué le bureau de France 24 accrédité à Alger pour évoquer «ce qui s'apparente à une activité subversive, illustrée par des pratiques peu professionnelles hostiles à notre pays», précise le communiqué relayé par l'agence officielle Algérie Presse Service (APS).
«A bien des égards, le matraquage et les montages de France24 relèvent de la mauvaise foi, d’un négativisme outrancier et du dénigrement», relève le ministère de la Communication, selon qui il est «clairement établi aujourd’hui que l’exercice vise à manipuler l’opinion publique et à ternir l’image de l’Algérie».
La ligne éditoriale [de France 24] est construite sur les slogans hostiles à notre pays
«Nous essayons de faire notre travail le plus honnêtement possible. Nous faisons juste notre travail de journalistes dans le respect des règles en vigueur», a réagi Marc Saikali, directeur de France 24, auprès de l'AFP. «Nous n'avons pas de parti pris et encore moins d'agenda quelconque destiné à nuire à qui que ce soit», a-t-il assuré.
Selon le ministère, «la ligne éditoriale [de France 24] est construite sur les slogans hostiles à notre pays, son indépendance et sa souveraineté, ses services de sécurité et à son Armée nationale populaire». «Elle s'efforce de régénérer coûte que coûte ces "bouleversements préfabriqués" contre-révolutionnaires fomentés par des ONG ayant pignon sur rue à Paris et dans d'autres capitales européennes», référence notamment à Reporters sans Frontières (RSF) et Amnesty International.
Le retour de «bouleversements préfabriqués» dont parle le gouvernement algérien fait référence au fait que, depuis le deuxième anniversaire du soulèvement le 22 février dernier, les partisans du Hirak redescendent à nouveau chaque semaine par milliers dans les rues, après un an d'interruption pour cause de crise sanitaire.