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Doutes sur le vaccin anti-Covid d'AstraZeneca : les suspensions se succèdent en Europe

En raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins chez des individus vaccinés, de nombreux pays européens ont suspendu, au moins en partie, le vaccin AstraZeneca. Face à la situation, l'EMA tente de rassurer.

Mardi 16 mars

Dans un communiqué publié ce 17 mars, l'OMS recommande de poursuivre la vaccination avec AstraZeneca «à l'heure actuelle».

Jean Castex se fera vacciner «très rapidement» si la suspension d'AstraZeneca est levée, afin de montrer aux Français «qu'on peut y aller en toute sécurité», a-t-il déclaré mardi sur BFMTV.

«Jusqu'à présent, je m'étais fixé une ligne de conduite, c'est-à-dire me faire vacciner quand mon tour viendra, pas de passe-droit», a déclaré Jean Castex, âgé de 55 ans et qui ne déclare «pas de co-morbidité connue». «Mais compte tenu de ce qui vient de se passer pour AstraZeneca», qui a vu son vaccin suspendu dans une bonne partie de l'Europe, «je me suis dit effectivement qu'il serait judicieux que je me fasse vacciner très rapidement», a-t-il poursuivi.

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre italien Mario Draghi ont jugé «encourageantes» les déclarations de l'Agence européenne des médicaments (EMA) qui s'est dite «fermement convaincue» des avantages du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19.

«Les déclarations préliminaires faites aujourd'hui par l'EMA sont encourageantes», ont déclaré Emmanuel Macron et Mario Draghi après un entretien téléphonique.

Le régulateur européen reste «fermement convaincu» des bénéfices du vaccin AstraZeneca, a déclaré la directrice de l'EMA Emer Cooke.

Le comité de sécurité de l'EMA, dont le siège se trouve à Amsterdam, se réunissait le 16 mars pour évaluer de nouvelles informations et devrait arriver à une conclusion lors d'une réunion spéciale le 18 mars, a déclaré la directrice. 

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré que le vaccin d'AstraZeneca/Oxford contre le Covid-19 était «sûr» et «extrêmement» efficace, après sa suspension par plusieurs pays, inquiets d'éventuels effets secondaires graves.

«Ce vaccin est sûr et marche extrêmement bien», a assuré le dirigeant conservateur dans le quotidien The Times, soulignant qu'il était aussi «relativement facile à distribuer» et «dispensé à prix coûtant».

La Lettonie a suspendu temporairement l'utilisation du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, ont annoncé ses autorités sanitaires, dans le droit-fil de la décision prise le même jour par six autres membres de l'Union européenne.

«Les autorités sanitaires de Lettonie demandent aux médecins de ne pas utiliser les flacons ouverts du vaccin AstraZeneca et de ne pas en ouvrir de nouveaux», ont déclaré les agences de santé de l'Etat balte dans un communiqué conjoint.

Cette mesure, en vigueur pendant au moins deux semaines, est prise «par précaution» sur la base des effets secondaires mentionnés par d'autres pays de l'UE, ont-elle précisé, tout en ajoutant qu'aucun cas de ce type n'avait été confirmé en Lettonie.

Lundi 15 mars

La Slovénie a suspendu à son tour «par précaution» les vaccinations anti-Covid avec AstraZeneca, s'ajoutant à la longue liste de pays ayant pris cette mesure en raison de craintes liées à des caillots sanguins.

«J'ai pris cette décision d'interrompre temporairement» l'utilisation du vaccin du laboratoire suédo-britannique AstraZeneca et l'université d'Oxford «afin d'assurer le plus haut niveau de sécurité possible à nos concitoyens», a déclaré le ministre de la Santé Janez Poklukar lors d'une conférence de presse.

L'Espagne a décidé à son tour de suspendre par précaution l'injection du vaccin d'AstraZeneca contre le Covid-19 à l'instar de plusieurs autres pays après le signalement d'effets secondaires, a annoncé la ministre de la Santé Carolina Darias.

«Nous avons décidé de suspendre de façon préventive et temporaire l'administration du vaccin d'AstraZeneca pour au moins deux semaines», le temps que l'Agence européenne des médicaments (EMA) se prononce sur les craintes liées à des caillots sanguins, a annoncé la ministre en conférence de presse.

L'Organisation mondiale de la santé va réunir le 16 mars son groupe d'experts sur la vaccination pour étudier la sécurité du vaccin AstraZeneca, a annoncé le chef de l'agence onusienne.

«Le Groupe consultatif d'experts de l'OMS sur la vaccination a examiné les données et est en contact étroit avec l'Agence européenne des médicaments. Et nous nous réunirons demain», a déclaré en conférence de presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, alors que plusieurs nouveaux pays ont suspendu par précaution l'administration du vaccin contre le Covid-19 d'AstraZeneca, après le signalement d'effets secondaires.

L'Italie a suspendu à titre de précaution l'administration du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 sur l'ensemble de son territoire, emboîtant ainsi le pas à plusieurs autres pays européens après le signalement d'effets secondaires.

L'agence du médicament italienne, AIFA, «a décidé à titre de précaution et de manière provisoire, dans l'attente d'une décision de l'EMA», l'Agence européenne des médicaments, d'«interdire l'utilisation du vaccin AstraZeneca sur tout le territoire national», explique l'AIFA dans un communiqué.

«Cette décision a été prise en ligne avec des mesures similaires adoptées par d'autres pays européens», précise-t-elle.

Emmanuel Macron a annoncé ce 15 mars que la France suspendait «par précaution» l'utilisation du vaccin AstraZeneca, en attendant un avis de l'autorité européenne du médicament (EMA) prévu le 16 mars.

«L'autorité européenne, l'EMA, rendra [dans l'après-midi du 16 mars] un avis sur le recours à ce vaccin [...] la décision qui a été prise en conformité aussi avec notre politique européenne est de suspendre par précaution la vaccination avec AstraZeneca en espérant la reprendre vite si l'avis de l'EMA le permet», a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, à l'issue d'un sommet franco-espagnol.

L'Allemagne suspend à sont tour l'utilisation du vaccin contre le Covid-19 du laboratoire anglo-suédois AstraZeneca «à titre préventif» après le signalement d'effets secondaires, a annoncé le 15 mars le ministère de la Santé.

L'institut médical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement, estime «que d'autres examens (sont) nécessaires», après des cas de formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées en Europe. 

La Norvège a annoncé la mort par hémorragie cérébrale d'une soignante de moins de 50 ans qui avait été hospitalisée après avoir reçu une injection du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca, sans qu'un lien entre les deux puisse être établi à ce stade.

C'est le deuxième cas analogue mortel signalé en quelques jours dans le pays nordique qui a suspendu le 11 mars «par précaution» le vaccin développé par le laboratoire anglo-suédois.

L'Indonésie va reporter le lancement de la campagne de vaccination contre le Covid-19 avec AstraZeneca en attendant une décision de l'Organisation mondiale de la Santé, après le signalement d'effets secondaires possibles, a annoncé le ministre de la Santé du pays asiatique. «Pour être prudents [l'autorité de régulation indonésienne de la Santé] reporte l'utilisation d'AstraZeneca en attendant une confirmation de l'OMS», a déclaré Budi Gunadi Sadikin.

La Géorgie a lancé sa campagne de vaccination contre le coronavirus avec le vaccin d'AstraZeneca, balayant les craintes d'effets secondaires qui ont conduit plusieurs pays européens à suspendre son utilisation. Les autorités de ce pays du Caucase ont précisé à l'AFP avoir reçu 43 000 doses d'AstraZeneca via le programme Covax de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et avoir commencé la vaccination du personnel médical.

«Nous sommes confiants dans le fait qu'AstraZeneca est sûr et l'Organisation mondiale de la santé et l'Agence européenne des médicaments ont dit qu'il n'y a pas d'élément permettant de faire un lien entre le vaccin et la formation de caillots sanguins», a déclaré Paata Imnadzé, directeur adjoint du centre géorgien de surveillance des maladies.

Les pompiers des Bouches-du-Rhône suspendent la vaccination de leur personnel avec le vaccin d'AstraZeneca après des effets indésirables. «Par mesure de précaution, nous avons suspendu la deuxième injection du vaccin AstraZeneca», a indiqué une porte-parole du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis) à l'AFP, après qu'un pompier d'Arles a été hospitalisé pour une arythmie cardiaque après sa première injection.

Contactée par l'AFP, l'Agence régionale de santé n'était pas disponible immédiatement pour réagir.

Les Pays-Bas ont suspendu par précaution l'utilisation du vaccin AstraZeneca contre le coronavirus, jusqu'au 28 mars inclus, après que des «effets secondaires possibles» ont été rapportés au Danemark et en Norvège, sans lien avéré à ce stade.

«Sur la base de nouvelles informations, l'Autorité néerlandaise des médicaments a conseillé, par mesure de précaution et dans l'attente d'une enquête plus approfondie, de suspendre l'administration du vaccin AstraZeneca [contre le Covid-19]», a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué

Dimanche 14 mars

Jean Castex a estimé qu'il fallait avoir «confiance» dans le vaccin AstraZeneca et répété qu'il pourrait décider un nouveau confinement si «nécessaire», lors d'un entretien sur la plateforme pour fans de jeux vidéos Twitch.

«A ce stade, il faut avoir confiance dans ce vaccin et se faire vacciner, je le dis de la façon la plus solennelle, sinon on on aura des retards dans la vaccination, les Françaises et Français seront moins protégés et la crise sanitaire durera longtemps», a répondu le chef du gouvernement à propos des doutes sur le vaccin AstraZeneca.

La région du Piémont a annoncé avoir repris les vaccinations AstraZeneca, en excluant toutefois par précaution un lot, après la mort d'un enseignant vacciné la veille. Plus tôt, la région italienne avait annoncé la suspension des vaccinations par mesure de précaution. 

La région du Piémont (nord-est de l'Italie) a décidé de suspendre provisoirement l'administration du vaccin AstraZeneca, après la mort d'un enseignant vacciné la veille, a annoncé l'autorité de santé régionale.

«Il s'agit d'une mesure d'extrême précaution, en attendant de vérifier s'il existe un lien de causalité entre la vaccination et le décès», a expliqué le conseiller pour la santé de la région du Piémont, Luigi Genesio Icardi, dans un communiqué.

«L’administration du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 est temporairement différée à partir de ce matin dimanche 14 mars», a déclaré un porte-parole du ministre de la Santé irlandaise cité par l'AFP. Cette décision survient après une recommandation en ce sens de la commission chargée du programme de vaccination en Irlande au nom du «principe de précaution», selon un communiqué du médecin-chef Ronan Glynn. 

Cette recommandation des autorités sanitaires irlandaises a été émise après la publication d’un rapport de l'agence norvégienne des produits de santé rapportant «quatre nouveaux cas graves de caillots sanguins chez des adultes» ayant reçu une injection du vaccin du laboratoire anglo-suédois. 

Les autorités sanitaires irlandaises ont recommandé de suspendre par «précaution» l'utilisation du vaccin AstraZeneca contre le coronavirus, après que des cas de caillots sanguins ont été rapportés en Norvège.

La commission chargée du programme de vaccination en Irlande recommande cette mesure, déjà en vigueur dans plusieurs pays, au nom du «principe de précaution» dès ce 14 mars au matin.

Vendredi 12 mars

Le groupe pharmaceutique AstraZeneca assure que l'utilisation de son vaccin contre le Covid ne comporte «aucune preuve de risque aggravé de caillot». «En fait, les chiffres sur ce type (de problème médical) sont beaucoup plus faibles chez ceux qui sont vaccinés comparé à ce qui serait attendu dans la population dans son ensemble», ajoute le groupe dans un communiqué.

Des allergies sévères devraient être ajoutées à la liste des effets secondaires possibles du vaccin contre le Covid-19 AstraZeneca/Oxford, après des réactions de ce type identifiées au Royaume-Uni, vient d'annoncer l'Agence européenne des médicaments.

Le régulateur européen a indiqué dans un communiqué avoir «recommandé une mise à jour des informations sur le produit pour inclure l'anaphylaxie et l'hypersensibilité (réactions allergiques) comme effets secondaires».

L'OMS, citée par l'AFP, assure de son côté qu'il n'y a «pas de raison» de ne pas vacciner avec AstraZeneca.

«Oui nous devrions continuer à utiliser le vaccin d'AstraZeneca», a commenté Margaret Harris, une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé lors d'un point presse à Genève. «Il n'y a pas de raison de ne pas l'utiliser», a-t-elle ajouté.

En France, le président du conseil d'orientation sur la stratégie vaccinale, Alain Fischer, a estimé ce 12 mars sur Radio Classique qu'il n'y avait «pas d'excès d'accidents thrombotiques» après l'utilisation du vaccin d'AstraZeneca.

La Bulgarie annonce à son tour qu'elle suspend les inoculations du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca, en attendant un communiqué de l'Agence européenne des médicaments qui «dissiperait tout doute sur la sécurité du vaccin», d'après l'agence de presse Reuters, citant un communiqué du gouvernement.

«J'ordonne un arrêt des vaccinations avec AstraZeneca jusqu'à ce que l'Agence européenne des médicaments dissipe tout doute quant à son innocuité», a déclaré le Premier ministre Boïko Borissov, cité dans un communiqué, réclamant une preuve «écrite» de la part du régulateur européen.

Selon lui, l'EMA n'a pas formulé de «diagnostic clair».

Le 11 mars, le Danemark, puis l'Islande et la Norvège ont annoncé suspendre toute vaccination avec le vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins chez des individus vaccinés. Les autorités sanitaires de ces pays ont fait valoir le principe de précaution, même s'ils ont précisé qu'aucun lien avec la vaccination n'avait pour l'heure été démontré. La Thaïlande a elle aussi, dans la foulée, suspendu la vaccination avec le vaccin du groupe suédo-britannique.

Plus tôt, l'Autriche, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg avaient suspendu les vaccinations avec des doses provenant d'un lot jugé douteux, après le décès d'une infirmière de 49 ans qui a succombé à de «graves troubles de la coagulation» quelques jours après l'avoir reçu. L'Italie a également écarté un lot.

L'Agence européenne des médicaments (EMA) a pour sa part écarté tout lien entre ce décès et la vaccination, et conseille de poursuivre les injections. Un avis suivi par la France. Lors d'une conférence de presse le 11 mars, le ministre de la Santé Olivier Véran a écarté la nécessité d'interrompre la campagne de vaccination, affirmant : «Sur 5 millions d'européens [vaccinés avec AstraZeneca], 30 personnes ont présenté des troubles de la coagulation.»

Le ministre de la Santé, Kostadin Anguelov, a ensuite précisé que la mesure avait été prise après la mort d'une femme de 57 ans dans la nuit du 11 au 12 mars dans le sud du pays.