«Je serais tenté de qualifier les responsables politiques libanais de non assistance à pays en danger, tous autant qu'ils soient», a lancé Jean-Yves Le Drian ce 11 mars en conférence de presse, évoquant le risque d'«effondrement» du Liban.
«C'est aux autorités libanaises de prendre en main le destin de leur pays, en sachant que la communauté internationale regarde avec angoisse», a-t-il poursuivi, dans des propos rapportés par l'AFP, ajoutant encore : «Il est encore temps d'agir, parce que demain il sera trop tard.»
Un ton emprunt d'«ingérence» ?
Depuis plusieurs mois, alors que le Liban peine à voir la fin de la grave crise politique dans laquelle il est plongé, Paris multiplie les déclarations sur ce dossier. De passage à Beyrouth en août 2020, le président français Emmanuel Macron avait par exemple prôné la mise en place de «réformes» dans différents secteurs, défendant un «nouveau pacte politique» pour le pays.
Ces déclarations avaient été dénoncées par plusieurs personnalités politiques de l'opposition française. Le chef le file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, avait par exemple «m[is] en garde» le président de la République contre «une ingérence dans la vie politique du Liban. «Elle ne sera pas acceptée. Le Liban n’est pas un protectorat français», avait-il écrit sur Twitter. «Je mets en garde les Libanais à propos des réformes de Macron : protégez les revendications de votre révolution citoyenne», avait ajouté le député des Bouches-du-Rhône.
De l'autre côté de l'échiquier politique, l'eurodéputé du Rassemblement national (RN) Gilbert Collard a tweeté : «A peine arrivé au Liban, Macron se prend pour le Président de la République libanaise : il donne des leçons et prétend, à lui seul, organiser la coopération européenne et internationale».
Plus tard, le 27 septembre, Emmanuel Macron avait encore accusé la classe politique libanaise de «trahison collective» après son échec à former un gouvernement.
Le Liban face à sa pire crise économique
Confronté à la pire crise économique de ces dernières décennies et en pleine pandémie de Covid, le Pays du Cèdre a été secoué ces derniers jours par plusieurs manifestations dirigées contre la classe politique. De nombreuses routes avaient ainsi été bloquées par les protestataires, avant d'être rouvertes dernièrement avec le concours de l'armée.
Le gouvernement emmené par le Premier ministre Hassane Diab avait démissionné après la terrible explosion du port de Beyrouth en août, mais il gère encore les affaires courantes. Saad Hariri, désigné Premier ministre fin octobre, n'a toujours pas formé son équipe.