Reckya Madougou, chef de file du parti Les Démocrates et opposante béninoise, dont la candidature à l'élection présidentielle du 11 avril a été rejetée, a été placée sous mandat de dépôt. Devant les journalistes, le porte-parole du gouvernement béninois et ministre de la Communication, Alain Orounla, a annoncé qu'elle était accusée d'avoir «planifié des exécutions en série de personnalités politiques».
«Des compatriotes qui s'apprêtaient à commettre des crimes ont désigné Reckya Madougou comme leur commanditaire», a-t-il précisé. Le ministre a ajouté qu'il s'agissait d'une «infraction très grave de terrorisme prévue et punie par les lois de la République».
Une décision critiquée par des figures de l'opposition
Renaud Agbodjo, avocat de plusieurs figures de l'opposition sous le coup d'une procédure judiciaire, a confirmé auprès de l'AFP l'inculpation de la dirigeante du parti d'opposition «pour financement du terrorisme». Le juriste a précisé qu'une enquête était ouverte, mais qu'aucun procès n'était «en vue pour l'instant».
L'activiste anticolonialiste franco-béninois Kémi Seba a critiqué le placement sous mandat de dépôt de l'opposante sur Facebook. «Nous pouvons nous opposer idéologiquement avec virulence à madame Madougou compte tenu de ses choix, mais nous n'acceptons pas et n'accepterons jamais la criminalisation politique de toutes celles et ceux qui critiquent le pouvoir en place. La démocratie, c'est le pouvoir au peuple, au peuple uniquement. Ce n'est pas la répression et la constante intimidation», a déclaré le chroniqueur politique.
Reckya Madougou a été interpellée la semaine dernière à Porto-Novo en présence de Joël Aïvo, un autre candidat de l'opposition recalé pour l'élection présidentielle, qui s'est échappé au moment de l'arrestation.
Par ailleurs, Sébastien Ajavon, un autre opposant arrivé troisième lors de la dernière élection présidentielle, a de nouveau été condamné début mars par contumace à une peine de cinq ans de prison ferme pour «faux, usage de faux et escroquerie». L'homme politique, actuellement sur le territoire français, avait déjà été condamné en 2018 à 20 ans de prison pour trafic de drogue.