International

Facebook accusé d'avoir fermé la page des YPG kurdes syriens après des pressions d'Ankara

Selon des messages internes obtenus pour le magazine d'enquête Propublica, Facebook aurait accepté, en 2018, de fermer la page des combattants kurdes syriens du YPG à la suite d'une menace d'Ankara de couper tout accès au réseau social en Turquie.

Le magazine d’enquête Propublica, repris par 01Net, a révélé le 24 février que la direction de Facebook aurait cédé à la pression de la Turquie en fermant la page officielle des forces kurdes syriennes (YPG) lors de la campagne turque ces dernières en 2018, à Afrine (nord de la Syrie).

Une décision de censure qui aurait été prise par Facebook alors que le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan menaçait l’entreprise de représailles. C'est donc par un mail laconique, révélé par Propublica, que la directrice des opérations de Facebook Sheryl Sandberg aurait donné son feu vert pour fermer la page officielle des «Unités de protection du peuple» (YPG). «Je suis d'accord avec ça», aurait ainsi répondu la numéro deux de Facebook dans un message interne en réponse à la sollicitation de collaborateurs qui lui faisaient part de la menace d'Ankara de couper l'accès au réseau social en Turquie.

Selon ProPublica, Facebook lui a confirmé avoir pris la décision de restreindre la page en Turquie à la suite d'un ordre juridique du gouvernement turc et «après qu'il soit devenu clair que ne pas le faire aurait conduit à la fermeture complète de ses services dans le pays». Le contenu que la Turquie a jugé offensant, selon des courriels internes obtenus par ProPublica, comprenait des photos sur Instagram (qui appartient à Facebook) de «combattants des YPG, de soldats turcs et peut-être de civils blessés».

Les YPG luttent à la fois contre Daesh et contre le gouvernement syrien de Bachar-el-Assad. La décision de Facebook de censurer la page des forces kurdes est intervenue au moment de ce que les Kurdes syriens appellent «la bataille d’Afrine», province annexée par l’armée turque en 2018. Une annexion condamnée par le gouvernement syrien à l'époque. Ne voulant pas perdre le marché turc – 82 millions d'habitants et une population très jeune –, Facebook aurait donc fait le choix «du porte-monnaie plutôt que celui de la liberté d’expression», selon les termes du site 01Net.