La guerre dévastatrice risque de faire du Yémen un «Etat non viable» et «très difficile à reconstruire», a alerté le 28 février 2021 un haut responsable de l'ONU, à la veille d'une conférence internationale de donateurs visant à éviter une famine à grande échelle.
Le conflit au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés tandis que des millions d'autres personnes souffrent de la faim. Après plus de six ans de guerre, ce pays pauvre de la péninsule arabique connait la pire crise humanitaire au monde, estime l'ONU. L'économie du pays s'est effondrée, son système de santé a périclité et d'innombrables enfants restent privés d'éducation, certains ayant même été recrutés pour combattre.
«La guerre doit s'arrêter maintenant. Les Yéménites ont suffisamment souffert», martèle Auke Lootsma, le directeur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Yémen. Le pays est aujourd'hui confronté à «la pire crise de développement du monde», souligne-t-il, exhortant les donateurs à fournir rapidement une aide financière conséquente lors d'une conférence virtuelle co-organisée le 1er mars par l'ONU, la Suisse et la Suède.
«Le Yémen a perdu plus de deux décennies de développement et est certainement l'un des pays les plus pauvres, voire le plus pauvre du monde actuellement, étant donné les indicateurs de développement négatifs que nous observons», avertit Auke Lootsma. «Si on continue ainsi, le Yémen sera un pays très difficile à reconstruire. Si d'autres biens sont détruits et que les gens deviennent de plus en plus pauvres, alors le pays deviendra presque comme un Etat non viable», ajoute-t-il.
La guerre au Yémen oppose les forces du gouvernement internationalement reconnu, et appuyé par une coalition militaire menée par l'Arabie Saoudite, aux rebelles Houthis. Soutenus par l'Iran, ces derniers se sont emparés d'une majeure partie du nord du pays, dont la capitale Sanaa en 2014.
Avec la crise économique mondiale provoquée par la pandémie de Covid-19, les financements de l'aide humanitaire ont gravement manqué au Yémen en 2020. L'ONU espère recueillir lundi quelque 3,85 milliards de dollars (environ 3,18 milliards d'euros) auprès des donateurs. L'année dernière, elle n'avait reçu que 1,9 milliard de dollars, soit la moitié de la somme nécessaire pour venir en aide aux deux tiers des 29 millions d'habitants dans le besoin.
400 000 enfants de moins de cinq ans pourraient mourir de malnutrition
«La communauté internationale devrait se rassembler autour du Yémen et faire beaucoup de promesses de dons qui nous aideront à prévenir une famine généralisée», insiste Auke Lootsma. Selon lui, en 2020, le PNUD a dû donner la priorité à certains programmes et réduire le nombre de bénéficiaires.
«Les Yéménites ne sont pas vraiment en mesure de se permettre un panier alimentaire minimal ou un approvisionnement alimentaire minimal donnant assez de nourriture à un foyer pour survivre la journée», explique le responsable onusien.
Selon l'ONU, plus de 16 millions de Yéménites, soit environ la moitié de la population, seront confrontés à la faim cette année. Près de 50 000 d'entre eux se trouvent déjà dans des conditions proches de la famine et quelque 400 000 enfants de moins de cinq ans pourraient mourir de malnutrition aiguë.