Dans un communiqué publié le 22 février, le ministère russe des Affaires étrangères a jugé que les nouvelles sanctions approuvées par l'Union européenne (UE) contre la Russie étaient «illégales» et constituaient un motif de déception. Plus tôt, les Etats membres de l'UE avaient approuvé à l'unanimité de nouvelles sanctions contre Moscou, à l'issue d'une réunion entre les 27 ministres des Affaires étrangères. En particulier, quatre responsables russes – dont l'identité n'a pas encore été dévoilée – doivent faire l'objet de ces sanctions.
Bruxelles appuie instinctivement et à nouveau sur le bouton des sanctions qui ne fonctionnent pas
«La décision adoptée par le Conseil des affaires étrangères le 22 février courant sous un prétexte alambiqué pour préparer de nouvelles sanctions illégales et unilatérales contre des citoyens russes est décevante», juge la diplomatie russe.
Et de déplorer : «Obéissant à la discipline de bloc et aux stéréotypes antirusses, Bruxelles appuie instinctivement et à nouveau sur le bouton des sanctions qui ne fonctionnent pas. De plus, en dépit de toute logique, une décision politique est d'abord prise, puis on sélectionne arbitrairement des candidats. Un autre faux pas a été fait la veille par le Conseil de l'UE dans un contexte d'intensification des informations antirusses dans l'Union européenne.»
Comme l'avait annoncé le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, Bruxelles entendait bien sanctionner une nouvelle fois la Russie dans le cadre de l'affaire Navalny.
Au terme d'une visite à Moscou, lors de laquelle il avait soufflé le chaud et le froid, le chef de la diplomatie européenne avait durci le ton, à la surprise de la partie russe, de retour sur le vieux continent. Josep Borrell avait notamment «condamn[é] la manière dont l’affaire Navalny est gérée», réclamant en outre la libération immédiate de l'opposant russe, incarcéré pour une violation des règles d'une peine avec sursis. Une réclamation perçue comme une forme d'«ingérence grossière» par Moscou qui avait par ailleurs expulsé plusieurs diplomates de pays européens pour participation à des manifestations de soutien à Alexeï Navalny.
L'homme politique a vu sa peine avec sursis être transformée en sentence ferme pour avoir failli, selon l'administration pénitentiaire russe, à se présenter à l'enregistrement auprès de l’inspection à au moins six reprises au cours de l'année 2020, et cela avant son hospitalisation à Berlin pour un empoisonnement présumé dont il accuse le Kremlin et à la suite duquel il est sorti de l'hôpital sans séquelles.