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Tunisie : le chef du gouvernement met fin aux fonctions de cinq ministres

Le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, a démis le 15 février de leurs fonctions cinq ministres sur fond de tensions au sein de l'Exécutif. Cinq autres ministres, déjà en exercice, ont été chargés d'assurer l'intérim.

Alors que la Tunisie connaît une crise sociale et politique majeure, le chef du gouvernement Hichem Mechichi a décidé de démettre de leurs fonctions cinq ministres, le 15 février. Cette décision intervient dans l’attente de «la finalisation des procédures du remaniement ministériel approuvé le 26 janvier 2021, selon lesquelles les nouveaux ministres ont obtenu la confiance du Parlement», précise un communiqué la présidence du gouvernement tunisien.

Sont concernés par ces limogeages le ministre de la Justice, Mohamed Boussetta, la ministre de l’Industrie Salwa Sghaier, le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Intégration professionnelle, Kamel Deguiche, la ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Leila Jaffel, et de la ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche Akissa Bahri. L'intérim de ces ministères a été confié à d'autres membres du gouvernement. 

La présidence du gouvernement a également affirmé dans son communiqué qu’elle restait «ouverte à toutes les solutions propres à dépasser le blocage en cours et permettre aux ministres de prendre leurs fonctions dans le respect de la Constitution».

Ce remaniement intervient alors que le couple exécutif est en conflit depuis de nombreux mois. Bien qu'un remaniement ait été voté par le Parlement le 26 janvier, le président de la République, Kaïs Saïed, a refusé de recevoir le serment constitutionnel des nouveaux ministres, évoquant des vices de procédure et des soupçons de corruption associés à certains noms.

Un climat socio-politique électrique

Ces limogeages interviennent également dans un contexte marqué par la défiance de la population à l'égard de la classe politique . Le 6 février, troisième samedi de mobilisation contre le gouvernement, près de 2 000 manifestants ont protesté à Tunis. Cette journée de mobilisation coïncidait avec le 8e anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, farouche opposant aux islamistes.

Confrontée à une grave crise économique, la Tunisie a par ailleurs été secouée au cours du mois de janvier par plusieurs nuits d'émeutes durant lesquelles plusieurs centaines d'interpellations ont eu lieu. Ces heurts ont éclaté au lendemain du dixième anniversaire de la révolution du Jasmin qui a chassé du pouvoir Zine el-Abidine Ben Ali, alors que la pandémie de Covid a exacerbé une profonde crise sociale en Tunisie, où un couvre-feu à 20h est en vigueur depuis octobre.