Le 10 février, lors de sa première visite au Pentagone depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président américain Joe Biden a annoncé la création d'un «groupe de travail du département de la Défense sur la Chine» (the Department of Defense China task force) chargé d'élaborer une nouvelle stratégie militaire «ferme» contre le pays que les Etats-Unis considèrent comme leur adversaire stratégique numéro. Un domaine dans lequel Joe Biden ne cherche pas à se démarquer de la ligne suivie par son prédécesseur.
«Ce groupe de travail va travailler vite pour [...] nous permettre de décider d'une direction ferme sur les questions liées à la Chine», a déclaré Joe Biden dans une allocution, avant d'ajouter que cette stratégie «va nécessiter un effort de la part de l'ensemble du gouvernement, une coopération entre les deux partis au Congrès et des alliances et partenariats solides». «C'est comme cela que nous pourrons répondre aux défis que pose la Chine», a affirmé le président démocrate en fonction depuis le 20 janvier.
«Je n'hésiterai jamais à faire usage de la force pour défendre les intérêts vitaux du peuple américain et de nos alliés lorsque ce sera nécessaire», a menacé Joe Biden, tout en tempérant son propos en affirmant penser que «la force doit être un outil de dernier recours, pas le premier».
La China task force sera composée de 15 conseillers civils et militaires, et présidée par un ancien conseiller diplomatique de Joe Biden spécialiste de la Chine, Ely Ratner. Ce groupe aura quatre mois pour présenter ses recommandations au secrétaire à la Défense Lloyd Austin dans le but de déterminer la posture militaire à adopter dans le Pacifique afin de contrer les ambitions territoriales de Pékin, renforcer la coopération entre les Etats-Unis et ses alliés, ou encore définir le type d'armement à développer, selon l'AFP.
Le rapport qui sera produit par ce groupe d'experts n'est toutefois pas censé être accessible au public, mais ses recommandations devraient être discutées avec le Congrès.
Une confirmation de la position américaine face à la Chine dans le Pacifique
Le nouveau gouvernement américain a déjà envoyé plusieurs avertissements à Pékin concernant sa politique expansionniste en mer de Chine. Joe Biden a ainsi rappelé le mois dernier au Premier ministre japonais Yoshihide Suga «l'engagement indéfectible» des Etats-Unis à protéger le Japon, y compris l'archipel inhabité des Senkaku, appelé Diaoyu en chinois et revendiqué par Pékin.
Le jour de la visite présidentielle au Pentagone, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a exprimé à son homologue japonais Toshimitsu Motegi lors d'un appel téléphonique son «inquiétude» face aux incursions de la Chine dans les eaux japonaises. Le secrétaire d'Etat a réaffirmé que l'archipel des Senkaku tombait sous le coup du traité liant les deux nations pour se défendre en cas d'attaque, selon le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.
Lloyd Austin a quant à lui estimé que la Chine était le «problème le plus difficile [...] et le plus complexe» pour les Etats-Unis, car Washington veut jouer le rapport de force militaire avec Pékin tout en préservant leur coopération économique.
Sur la question des relations militaires avec la Chine, la politique suivie par Joe Biden semble donc être dans la continuité de celle menée par l'administration Trump. La veille de l'allocution du président démocrate au Pentagone, le 9 février, deux groupes aéronavals (constitués autour des porte-avions USS Theodore Roosevelt et USS Nimitz) ont réalisé des manœuvres en mer de Chine méridionale selon Fox News. Quelques jours plus tôt, un destroyer avait été envoyé naviguer aux larges des îles Paracels, contrôlées par la Chine mais revendiquées par le Vietnam et Taïwan. Lors du mandat de Donald Trump, le Pentagone avait également ordonné ce type de missions, justifiées par la «liberté de navigation» et condamnées par Pékin qui y voyait des «provocations».