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Le gouvernement algérien réclame «la reconnaissance des crimes coloniaux» de la France

Dans un entretien accordé au journal El Massa, le porte-parole du gouvernement algérien demande «la reconnaissance des crimes coloniaux» de la France. Cette position intervient à la suite de la publication du rapport de l'historien Benjamin Stora.

Dans un entretien accordé au journal El Massa, le porte-parole du gouvernement algérien, Ammar Belhimer, a demandé le 8 février 2020 «la reconnaissance des crimes coloniaux» de la France, rapporte l’AFP. 

«La résistance de la France à ne pas reconnaître ses crimes a ses raisons. Elles sont connues de ceux qui ont la nostalgie du passé colonial et l'illusion de l'Algérie française», a-t-il notamment expliqué.

Le porte-parole, également ministre de la Communication, a complété ses propos en disant que «le criminel fait généralement l'impossible pour éviter d'admettre ses crimes, mais cette politique de fuite en avant ne peut pas durer».

Ammar Belhimer salue néanmoins le fait que la France ait remis les restes de 24 résistants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle en juillet dernier mais il estime que «l’accomplissement moral le plus important est la reconnaissance des crimes coloniaux de la France». 

Un rapport rédigé à la demande du président français et ouvertement critiqué 

Ces propos interviennent après la publication du rapport de l'historien français Benjamin Stora sur la réconciliation mémorielle entre les deux pays. Le porte-parole du gouvernement algérien s'abstient de citer nommément ce rapport mais il répond à une question sur le dossier de la mémoire entre les deux rives de la Méditerranée.

Spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Algérie, Benjamin Stora a été chargé en juillet par le président Emmanuel Macron de «dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie». 

Le rapport de l'historien français, publié le 20 janvier, continue de soulever une avalanche de critiques, aussi bien en Algérie qu'en France, notamment pour ne pas avoir préconisé des «excuses» de Paris. Dans un entretien accordé dimanche avec un quotidien algérien L'Expression, Benjamin Stora s'est néanmoins défendu d'être opposé à «la présentation d'excuses de la France à l'Algérie pour les massacres commis» pendant la période coloniale, précise l’AFP.

C'est la première fois qu'un membre du gouvernement algérien réagit – même de façon indirecte – aux préconisations de l'historien français puisque ni le président Abdelmadjid Tebboune, soigné en Allemagne pour des «complications» post-Covid, ni le directeur des archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, chargé d'un travail parallèle sur la question mémorielle, ni le ministre des Anciens combattants ne se sont encore exprimés sur le sujet. 

En revanche, la puissante Organisation officielle des moudjahidine, les anciens combattants de la guerre d'indépendance, a rejeté le document qui «a omis d'aborder […] les différents crimes coloniaux perpétrés par l'Etat français».  

Le président français, Emmanuel Macron, s’était engagé à prendre des «actes symboliques» pour apaiser les mémoires sur la colonisation et la guerre d'Algérie (1954-1962) mais avait exclu de présenter les «excuses» demandées par Alger.