France

Rapport Stora sur l'Algérie : «minimaliste» et «sans avis contradictoire» selon les harkis

Le Comité national de liaison des harkis juge que le rapport de Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d'Algérie est «minimaliste» et «s’est abstenu de tout débat ou avis contradictoire, pourtant nécessaire en démocratie».

Le Comité national de liaison des harkis (CNLH) a accusé le 23 janvier l'historien Benjamin Stora de «minimalisme» dans son rapport sur les «questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie», remis le 20 janvier à Emmanuel Macron.

«L’historien minimaliste s’est abstenu de tout débat ou avis contradictoire, pourtant nécessaire en démocratie», accuse textuellement le CNLH dans un communiqué transmis à l'AFP. Celui-ci a également déclaré, par l'intermédiaire de son porte-parole, souhaiter que la France «reconnaisse définitivement le mal qu'elle a fait» aux Algériens qui ont fait le choix de combattre auprès de l'armée française lors de la guerre d'Algérie.

L’historien minimaliste s’est abstenu de tout débat ou avis contradictoire, pourtant nécessaire en démocratie


Dans son rapport, Benjamin Stora préconise de faciliter les déplacements des harkis – considérés par certains Algériens comme «des traîtres collaborateurs» – et de leurs enfants entre la France et l'Algérie. «C'est de la poudre aux yeux», a réagi le porte-parole du CNLH Mohamed Badi auprès de l'AFP, «ça existe depuis longtemps». «Les personnes qui restent sont dans leur lit de mort ou sont âgées» et ne retourneront pas en Algérie, selon lui. «Quant aux enfants, les jeunes, quand ils y vont, ils sont mal accueillis», assure-t-il.

Un appel à la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon des harkis

«Ce qui compte vraiment, c'est que la France reconnaisse définitivement le mal qu'elle a fait. En cachant cette partie de l'Histoire, elle fausse l'Histoire», insiste Mohamed Badi. Une revendication appuyée dans le communiqué qui réclame «la vérité, la reconnaissance, la justice, la réparation». 

Le CNLH souhaite en effet «la reconnaissance par l’Etat français de sa responsabilité et de sa faute dans le désarmement, l’abandon et le massacre des harkis, après les accords d’Evian et le cessez-le-feu du 19 mars 1962». Le CNLH exige aussi une reconnaissance «pour la réclusion arbitraire des rescapés dans des camps et autres lieux de relégation indignes, sans jugement et pour une durée indéterminée, dès leur arrivée en France».

«Cet effroyable drame humain et national ne saurait être occulté, c’est le sens de notre combat pour qu’enfin une page se tourne et que le travail mémoriel des deux côtés de la Méditerranée commence, en vue de la réconciliation des peuples, dans l’intérêt des générations présentes et futures», affirme également le communiqué.

Au total, le nombre d'Algériens enrôlés ou engagés comme supplétifs de l'armée française durant toute la guerre (1954-1962) varie de 200 000 à 250 000 selon les chercheurs. Ils auraient été environ 60 000 à rejoindre la France après l'indépendance de l'Algérie.