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Convergences et divergences des enquêtes russe et néerlandaise sur le crash du MH17

Le Bureau néerlandais de sécurité et le constructeur russe des missiles Bouk, Almaz-Antei, ont présenté séparément leurs conclusions sur les circonstances de la catastrophe du Boeing 777 malaisien survenue il y a plus d'un an dans l'Est de l'Ukraine.

Le 17 juillet 2014, le vol MH17 de Malaysian Airlines transportant 283 passagers et 15 membres d’équipage, qui effectuait la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur, s'est écrasé près de Grabovo, dans la région de Donetsk, au-dessus de la zone de combats entre les forces armées ukrainiennes et les forces rebelles.

Cette terrible catastrophe a donné suite à une enquête internationale menée par les Pays-Bas à la demande de l'Ukraine, concernant les causes du crash de l'appareil. Bien que possédant des informations susceptibles de contribuer à l'enquête, la Russie n'a pas été invitée à y participer. 

Publié en 2014, le rapport préliminaire du Bureau néerlandais de sécurité n'a pas satisfait le concepteur et producteur des missiles BOUK mis en cause, Almaz-Antei, qui a décidé à ce stade d'entamer sa propre enquête pour établir les causes et les circonstances de la tragédie. 

Ce mardi Almaz-Antei et le  Bureau néerlandais de sécurité ont tous les deux présenté leur rapport sur les circonstances du crash du vol MH17. Si les enquêteurs russes et hollandais sont d'accord sur les causes de la catastrophe, un certain nombre de détails cruciaux font objet de divergences. RT France vous présente les quatre points à retenir.

Les experts néerlandais et le producteur des missiles russes sont unanimes en disant que le Boeing 777 de Malaysian Airlines a été abattu par un missile sol-air tiré depuis un système de missiles Bouk. D’autres pistes étudiées précédemment, y compris le tir d’un missile air-air depuis un avion de combat, ont ainsi été balayées.

Les deux enquêtes ont également conclu que le missile avait explosé près du cockpit, du côté gauche de l’appareil, ce qui a été démontré lors des deux présentations.

En revanche, les équipes russe et néerlandaise n'ont pas le même avis quant au type du missile ayant abattu le Boeing 777. 

Selon les experts du Bureau néerlandais de sécurité le vol MH17 s’est écrasé à cause de la détonation d’une ogive de type 9N314M sur son flanc gauche. Les enquêteurs ont noté que conformément aux données fournies par les autorités ukrainiennes, cette ogive peut équiper des missiles de type 9M38 ou9M38M1, sans pour autant préciser le modèle exact.

Cette dernière version de missile est pourtant exclue conformément aux conclusions des spécialistes russe. Selon les données d’Almaz-Antei, basées sur deux expériences grandeur nature, il s’agissait précisément du missile 9M38, fabriqué en URSS en 1986. Le fabricant de missiles a aussi expliqué que ce type de missile n’était plus utilisé par la Russie, mais que c’était toujours le cas en Ukraine et dans d’autres ex-républiques soviétiques.

Une autre divergence concerne le zone de tir, point pourtant crucial de l'enquête. D’après les conclusions des experts hollandais, les données dont ils disposent ne permettent pas à ce stade de déterminer avec certitude l'endroit exact d’où le missile en question a pu être tiré. Ainsi, pour le Bureau néerlandais de sécurité le missile aurait pu être tiré depuis une zone mesurant jusqu'à 320 kilomètres carrés.

Almaz-Antei a de son côté présenté des informations beaucoup plus précises, en déclarant que d’après ses simulations, le missile avait été tiré depuis le village Zarochtchenskoïe. Ces données démentissent d'ailleurs la version de l’enquête conduite par Kiev peu après l'accident, affirmant que le missile avait été tiré depuis le village de Snejnoïe. Si c’était le cas, précise le fabricant russe, le missile n’aurait alors pas pu atteindre la partie gauche de l’appareil.

Un des éléments clés du rapport du Bureau néerlandais de sécurité a été la mise en cause de la responsabilité des autorités ukrainiennes, qui auraient dû fermer l’espace aérien au-dessus de la zone de conflit, car elles savaient que des missiles susceptibles d’atteindre l’altitude de vol des avions civils y étaient utilisés «occasionnellement».

«Il est clair que l’Ukraine avait assez de raisons pour fermer l’espace aérien à l’est du pays», a déclaré mardi l’expert du Bureau, Tjibbe Joustra.

Plusieurs avions et hélicoptères militaires avaient été abattus par des missiles dans cette zone précédemment, ont rappelé les experts.