Interrogée ce 3 février par la chaîne russe RBK TV au sujet des récents commentaires d'Emmanuel Macron sur la détention d'Alexeï Navalny, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova s'est étonnée de «tweets et [de] déclarations presque identiques [...] publiés à la mitrailleuse» par les Occidentaux.
Remarquant que la réaction des différents ministères occidentaux des Affaires étrangères, et notamment allemand, était «similaire», la porte-parole a estimé qu'il s'agissait là «d’une démarche politique planifiée à l’avance.»
«Il s’agit ici d’une tentative d’ingérence directe dans les affaires d’un État souverain», a-t-elle poursuivi, accusant ses collègues occidentaux d'être «politiquement motivés».
La justice russe a révoqué ce 2 février le sursis de la peine de trois ans et demi de prison prononcée en 2014 contre Alexeï Navalny, dans une affaire de détournement de fonds. L'opposant russe comparaissait devant un tribunal de Moscou, où il était jugé pour avoir violé à au moins six reprises entre janvier et mi-août 2020, les conditions du contrôle judiciaire exigées par cette peine avec sursis.
Lors d'une audience à laquelle ont assisté plusieurs diplomates de pays occidentaux (une pratique dénoncée par Maria Zakharova), la juge Natalia Repnikova a annoncé que l'opposant devrait purger trois ans et demi de prison de sa peine prononcée en 2014, moins les mois qu'il avait passés assigné à résidence cette année-là. Soit, selon l'avocate d'Alexeï Navalny, Olga Mikhaïlova, environ deux ans et huit mois de prison. Il peut encore faire appel.
L'homme politique, interpellé puis incarcéré pour 30 jours lors de son retour en Russie le 17 janvier, ne s'était pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection pénitentiaire à au moins six reprises au cours de l'année 2020 : le 13 janvier, le 27 janvier, le 3 février, le 16 mars, le 6 juillet et le 17 août. Fin août, Alexeï Navalny avait été transféré dans le coma en Allemagne après avoir été victime d'un malaise en Russie. Il accuse le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles.
Parmi les nombreuses réactions émanant des chancelleries occidentales (et dénonçant pour certaines les arrestations de manifestants pro-Navalny), Emmanuel Macron avait qualifié d'«inacceptable» la décision du tribunal, ajoutant : «Un désaccord politique n'est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate. Le respect des droits humains comme celui de la liberté démocratique ne sont pas négociables.»