«La démocratie est attaquée en Equateur», s'alarme Raul Grijalva, représentant de l'Arizona au Congrès des Etats-Unis. Sous son impulsion, 13 membres démocrates du Congrès ont demandé le 17 décembre au secrétaire d'Etat Mike Pompeo d'engager un «dialogue d'urgence» avec le gouvernement équatorien pour garantir des «élections libres et équitables» en février 2021.
«Mes collègues de la Chambre et moi avons écrit au secrétaire Pompeo pour lui demander d'exhorter le président Moreno à mettre fin aux violations des droits de l'homme et à l'oppression politique tout en veillant à ce que les prochaines élections soient libres, justes et inclusives», a écrit sur son compte Twitter le représentant Grijalva, joignant à son tweet la lettre en question, signée, entre autres, par Alexandria Ocasio-Cortez et Ilhan Omar.
«Saper la campagne d'Arauz et persécuter ses partisans»
Dans leur lettre, les législateurs ont exprimé leur «profonde inquiétude face à la détérioration de la situation des droits de l'Homme et de la démocratie» en Equateur. «Nous vous exhortons à établir un dialogue urgent avec le gouvernement de [Lenin] Moreno pour exiger la fin de ces violations des droits de l'Homme et insister sur des élections libres, justes et inclusives en Equateur», peut-on lire dans la lettre.
Moreno, qui ne se présente pas aux élections présidentielles de février 2021, a néanmoins mené «des manœuvres douteuses pour tenter d'empêcher les dirigeants de l'opposition de participer aux élections du pays», selon ces membres du Congrès étatsunien. Le président équatorien et ses alliés ont également «emprisonné et persécuté des opposants, et violemment réprimé des manifestations», ont-ils dénoncé, en référence aux mobilisations massives d'octobre 2019 dans ce pays latinoaméricain.
«Moreno et ses alliés ont également cherché, par de nombreuses manœuvres hautement discutables, à empêcher leurs principaux opposants politiques de participer aux élections à venir en Equateur», ajoute la lettre qui cite la disqualification de l'ancien président Rafael Correa pour sa candidature à la vice-présidence. Pour rappel, l'ancien président socialiste, au pouvoir de 2007 à 2017, et auquel son successeur Lenin Moreno a tourné le dos, n'a pas pu se présenter aux élections à venir en raison de poursuites et de condamnations judiciaires par contumace que d'aucuns qualifient de «persécution judiciaire».
«Après de vives inquiétudes au niveau international, y compris de la part de plus d'une douzaine d'anciens présidents latino-américains, le candidat de l'opposition [corréiste] Andrés Arauz a finalement pu enregistrer sa candidature à la fin du mois de septembre dernier. Cependant, on craint un effort concerté pour saper la campagne d'Arauz et persécuter ses partisans», explique la lettre.
Alors que des opposants sont actuellement en prison, les législateurs étatsuniens condamnent ces «tentatives du gouvernement Moreno de réprimer la dissidence, de persécuter les opposants politiques et d'empêcher le principal mouvement d'opposition du pays de participer librement aux élections».
Un signe positif néanmoins est apparu pour les principaux opposants au camp Moreno ces derniers jours : le Tribunal électoral contentieux (TCE) de l'Equateur a rejeté le 17 décembre un recours judiciaire contre le binôme correiste pour les élections générales de 2021, laissant, pour le moment, libre cours à la candidature d'Andrés Arauz pour la présidence et Carlos Rabascall, pour la vice-présidence. Le premier tour de l'élection présidentielle aura lieu le 7 février 2021.
Du côté de Mike Pompeo, rien ne permet de penser qu'il ait l'intention de faire quelque chose dans le sens demandé par ces membres du Congrès américains. Le président sortant Donald Trump semble en effet avoir nourri de bonnes relations avec Lenin Moreno qu'il a reçu à la Maison Blanche en février 2020. «Nous discutons de grands accords commerciaux. Nous évoquons des options militaires dont l'achat de beaucoup de nos équipements militaires», avait notamment déclaré Donald Trump à l'issue de cette rencontre.
Meriem Laribi