International

Erdogan fulmine contre les sanctions de son allié américain de l'OTAN

Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué la décision de son allié américain au sein de l'OTAN d'émettre des sanctions contre la Turquie pour avoir fait l'acquisition de S-400 russes. Il évoque une «attaque ouverte» contre la souveraineté d'Ankara

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé ce 16 décembre les sanctions imposées par Washington contre la Turquie pour avoir acquis le système de défense aérienne russe S-400. «De quel type d'alliance s'agit-il ? Cette décision est une attaque ouverte contre notre souveraineté», s'est indigné le chef d'Etat lors d'un discours, en faisant référence à l'appartenance de la Turquie et des Etats-Unis à l'OTAN. 

C'est un prétexte. Le vrai but est de stopper l'élan de notre pays dans l'industrie de défense et de nous rendre de nouveau complètement dépendants

Dans son discours, le chef d'Etat a rejeté l'argument américain selon lequel les S-400 représentaient un «danger pour la sécurité» des systèmes de l'OTAN. «C'est un prétexte. Le vrai but est de stopper l'élan de notre pays dans l'industrie de défense et de nous rendre de nouveau complètement dépendants», a-t-il affirmé.

Selon Recep Erdogan, Ankara a opté pour les missiles russes faute d'accord avec Washington pour acheter l'équivalent américain de ce système ultrasophistiqué, les Patriot. «La Turquie a depuis longtemps dépassé le point où elle aurait pu être entravée par ce type de sanctions», a ajouté le président turc sur un ton de défi. Et de poursuivre : «Nous allons redoubler d'efforts pour rendre notre industrie de défense indépendante.»

Invoquant une loi adoptée en 2017 par le Congrès, quasiment à l'unanimité, pour «contrer les adversaires de l'Amérique à travers les sanctions» (Caatsa), Washington a interdit le 14 décembre l'attribution de tout permis d'exportation d'armes au SSB, l'agence gouvernementale turque en charge des achats militaires, pour punir Ankara de l'acquisition du système de défense anti-aérienne russe S-400. La décision prévoit aussi des sanctions contre le président de SSB, Ismail Demir, ainsi que d'autres dirigeants de cette institution.

Moscou a de son côté dénoncé des sanctions américaines «illégitimes» envers la Turquie. «Il s'agit d'une nouvelle manifestation d'une attitude arrogante à l'égard du droit international, une manifestation des mesures coercitives unilatérales et illégitimes que les Etats-Unis utilisent depuis de nombreuses années, depuis des décennies à droite et à gauche», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par l'agence Ria Novosti.