Les Etats-Unis ont décidé d'imposer des sanctions à l'agence gouvernementale turque en charge des achats d'armes, le SSB, pour l'acquisition par Ankara du système de défense aérienne russe S-400, a annoncé le 14 décembre le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.
«Les mesures prises aujourd'hui signalent clairement que les Etats-Unis [...] ne tolèreront pas de transactions importantes avec les secteurs russes de la défense et du renseignement», a précisé le secrétaire d'Etat dans un communiqué.
Des actions «illégitimes» pour Moscou
Moscou a dénoncé des sanctions américaines «illégitimes» envers la Turquie. «Il s'agit d'une nouvelle manifestation d'une attitude arrogante à l'égard du droit international, une manifestation des mesures coercitives unilatérales et illégitimes que les Etats-Unis utilisent depuis de nombreuses années, depuis des décennies à droite et à gauche», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par l'agence Ria Novost
La Turquie fustige une «décision injuste»
La Turquie a condamné quelques instants plus tard les sanctions «injustes» imposées par les Etats-Unis son agence gouvernementale.
«Nous invitons les Etats-Unis à revoir cette décision injuste de sanctions [...] et nous réaffirmons être prêts à traiter la question par la voie du dialogue et de la diplomatie, conformément à l'esprit de l'alliance», a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères.
Des sanctions appliquées contre un allié militaire
Invoquant une loi adoptée en 2017 par le Congrès, quasiment à l'unanimité, pour «contrer les adversaires de l'Amérique à travers les sanctions» (Caatsa), Washington interdit donc désormais l'attribution de tout permis d'exportation d'armes au SSB et sanctionne financièrement le président du SSB, Ismail Demir, ainsi que d'autres dirigeants de cette agence gouvernementale turque.
Le Congrès a approuvé le 11 décembre la loi de financement du Pentagone qui contient une provision imposant à l'exécutif de sanctionner Ankara pour les S-400, des missiles incompatibles avec les systèmes de l'Otan dont la Turquie est membre.
Le menace de sanctions américaines plane sur la Turquie depuis qu'elle a pris livraison de ces missiles l'an dernier, mais le président Donald Trump, qui entretient de bons rapports personnels avec le président turc, s'était abstenu jusqu'ici de les déclencher.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait pris les devants en affirmant le 11 décembre que des sanctions américaines contre son pays seraient «un manque de respect de la part des Etats-Unis envers son allié très important au sein de l'Otan».
«Les Etats-Unis avaient clairement fait savoir à la Turquie, aux plus hauts niveaux et à de multiples reprises, que l'achat des systèmes S-400 représenterait un danger pour la sécurité des technologies et du personnel militaires américains et qu'il apporterait des fonds importants au secteur russe de la défense tout en lui donnant accès aux forces armées et à l'industrie de défense de la Turquie», a souligné Mike Pompeo.
«La Turquie a pourtant décidé de procéder à l'achat des S-400 et de les tester, bien qu'il existe des alternatives compatibles avec les systèmes de l'Otan pour répondre à ses besoins de défense», a-t-il ajouté.