En conférence de presse depuis Moscou ce 14 décembre, Dmitri Peskov n'était pas d'humeur à mâcher ses mots. Evoquant les dernières prétendues révélations du Sunday Times, selon qui des «espions russes ont essayé de tuer le plus fervent opposant à Poutine avec [...] du novitchok avant qu'il ne puisse arriver à Berlin», le porte-parole du Kremlin a tout d'abord fait remarquer : «Vous savez, The Sunday Times, c’est quand même une sorte de lecture du dimanche en robe de chambre.»
«Comment vous le dire... vous savez, il y a de fausses informations et il y a aussi des messages qui peuvent être [caractérisés] par un mot anglais expressif…», a ensuite tâtonné Dmitri Peskov, lâchant finalement : «Bullshit [conneries, en français]». «Je n'en dirai pas plus», a-t-il clôturé.
Evoquant de mystérieuses «sources du renseignement occidental», le journal anglais accusait le Kremlin d'avoir tenté – et «raté» – une «seconde fois» d'empoisonner Alexeï Navalny : une première fois dans sa chambre d'hôtel ; et une deuxième à l'hôpital d'Omsk, alors qu'il était dans le coma avant d'être transféré, avec l'accord des autorités, pour Berlin. «Du Novitchok aurait été vaporisé sur ses vêtements par des agents [russes], qui s'étaient infiltré dans sa chambre la nuit précédente», poursuit le journal sur Twitter.
En parallèle, plusieurs médias dont le site britannique Bellingcat, l'américain CNN et l'allemand Der Spiegel ont publié des articles accusant des experts en armes chimiques des services spéciaux russes d'avoir filé l'opposant, y compris le jour de son empoisonnement présumé.
Le 20 août, Alexeï Navalny, très médiatique figure de l'opposition russe (bien qu'il n'en soit pas le seul représentant) avait été admis dans un hôpital d'Omsk, en Russie, après avoir été victime d'un malaise lors d'un vol pour Moscou. Plongé dans le coma, Alexeï Navalny avait ensuite été transféré à l'hôpital de la Charité, à Berlin. Quelques jours après son arrivée en Allemagne, les autorités du pays (bientôt suivies par d'autres dont la France), avaient assuré qu'il avait été victime d'un empoisonnement à l'agent innervant. Une affirmation contestée par les médecins russes, qui affirment qu'aucune trace de poison n'a été retrouvée sur le corps de l'opposant lors des analyses. Les autorités russes avaient alors été rapidement pointées du doigt, notamment par l'opposant lui-même, mais avaient démenti toute implication. Alexeï Navalny est finalement sorti indemne de l'hôpital le 23 septembre. L'hôpital de la Charité, cité par l'AFP avait toutefois rapporté que d'éventuelles séquelles à long terme n'étaient «pas à exclure».