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«Cruel, inhumain et dégradant» : le rapporteur de l'ONU sur la torture exige la libération d'Assange

Dix ans après la première arrestation de Julian Assange et alors que la prison où il est détenu est infestée par le Covid-19, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture appelle les autorités britanniques à libérer immédiatement le journaliste.

Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Nils Melzer, a appelé le 8 décembre les autorités britanniques à «libérer immédiatement» Julian Assange ou à le placer en résidence surveillée en attendant l'issue de son procès en extradition vers les Etats-Unis. Une exhortation formulée dix ans après la première arrestation du fondateur de Wikileaks le 7 décembre 2010 en Grande-Bretagne et alors qu'il est actuellement détenu en isolement à la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, où l'épidémie de Covid-19 fait rage. Ses conditions de détention ont également été dénoncées par Nils Melzer à plusieurs reprises.

«Julian Assange n'est pas un criminel et ne représente aucune menace pour quiconque, de sorte que son isolement prolongé dans une prison de haute sécurité n'est ni nécessaire ni proportionné et manque clairement de base juridique», a déclaré le Suisse Nils Melzer dans un communiqué. Alors que la décision de première instance sur son extradition est attendue le 4 janvier 2021, Nils Melzer a par ailleurs réitéré son appel aux autorités britanniques de ne pas l'extrader vers les Etats-Unis en raison de «graves problèmes de droits de l'homme» dans ce pays.

Le rapporteur spécial de l'ONU estime en outre que l'«isolement cellulaire prolongé» équivaut «non seulement à une détention arbitraire, mais aussi à de la torture et à d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants», et se dit particulièrement préoccupé par «l'exposition de Julian Assange au Covid-19 compte tenu de son état médical pré-existant».

Nils Melzer rappelle par ailleurs que les autorités britanniques ont initialement mis Assange en détention sur la base d'un mandat d'arrêt délivré par la Suède «en relation avec des allégations d'inconduite sexuelle qui ont depuis été officiellement abandonnées faute de preuves». «Aujourd'hui, il est détenu à des fins exclusivement préventives, pour assurer qu'il soit présent pendant le procès en cours sur la [demande d']extradition américaine, une procédure qui pourrait bien durer plusieurs années», a-t-il affirmé. En effet, Julian Assange, détenu à Belmarsh depuis le 11 avril 2019 après avoir passé sept ans réfugié dans la minuscule ambassade d'Equateur à Londres, ne purge aucune peine de prison à proprement parler. 

Il est privé de sa liberté car les Etats-Unis veulent le juger pour son travail journalistique de diffusion de centaines de milliers de documents confidentiels les ayant mis dans l'embarras, notamment concernant les guerres d'Irak et d'Afghanistan. Les documents révélés par Wikileaks ont en effet démontré d'innombrables abus concernant les droits de l'Homme dans ces pays attaqués par les Etats-Unis.

S'il est inculpé pour espionnage comme le souhaite l'accusation américaine, Julian Assange risque une peine de 175 ans de prison.

Ce n'est pas la première fois que Nils Melzer demande la libération du fondateur de Wikileaks. En mai 2019, il avait rendu une visite à Julian Assange à la prison de Belmarsh en compagnie de deux experts médicaux à l'issue de laquelle il avait dénoncé la torture subie par l'Australien. «La persécution collective de Julian Assange doit finir maintenant !», avait exigé Nils le 31 mai 2019 dans un communiqué. Il a expliqué que Julian Assange présentait «tous les symptômes [de] torture psychologique». En novembre de la même année, Nils Melzer alertait sur le fait que le traitement reçu par Julian Assange mettait sa vie «en danger».